21 novembre 2019

J'accuse


J'ai toujours un peu de mal avec les reconstitutions historiques parce que j'ai l'impression que l'essentiel du budget passe dans les décors et les costumes. Mais en l'occurrence, dans le dernier film de Polanski, on oublie assez vite l'aspect "reconstitution" pour s'intéresser à "l'affaire", une affaire que l'on croit connaître, que l'on connaît en gros, mais dont on ne connaît pas tous les détails, en particulier la succession des différents procès.
Il est vrai que l'affaire est complexe, mais en focalisant son film sur le personnage de Picquart, dont le rôle a été effectivement majeur pour remettre en cause les soit-disant preuves et obtenir la révision des deux précédents procès, Polanski permet au spectateur de se faire une idée des obstacles à renverser. Il fait de Picquart un être d'une probité totale, qui une fois convaincue de l'innocence de Dreyfus, surmonte son propre antisémitisme et dénonce les agissements de l'armée, alors même qu'elle constitue son propre univers.
Je crains que la polémique née autour du réalisateur ne cache la véritable intention du film qui est moins de dénoncer un complot antisémite (ou de faire passer son réalisateur pour un innocent injustement accusé et condamné) que de montrer le courage des lanceurs d'alerte. Et s'il était intéressant de mettre en valeur le rôle de Picquart, et accessoirement de Zola ou de Clémenceau, je regrette que ni Bernard Lazare, ni Auguste Scheurer-Kestner n'aient été mentionnés. A moins que mon attention n'ai été prise en défaut.



Aucun commentaire: