Nous ne sommes pourtant plus au temps de la prohibition puisque Rory Docherty, le personnage principal, est rentrée de la guerre de Corée. Avec une jambe en moins. Nous sommes donc dans les années 50, mais dans une contrée où le temps semble s'être arrêté.
La mère de Rory, muette depuis la tragédie qui l'a brisée et n'a jamais été élucidée, est internée dans un hôpital psychiatrique. La grand mère de Rory, une ancienne prostituée, experte en potions et breuvages comme les "sorcières" d'autrefois, emprisonne les esprits dans des bouteilles et lâche rarement son fusil.
Autour de ces trois personnages déjà pas ordinaires, Taylor Brown - qui n'en est qu'à son deuxième roman - construit une intrigue digne des meilleurs polars, mixant à l'occasion présent et passé, mais fait surtout découvrir à ses lecteurs une Amérique violente - ça on le savait déjà ! - qui se soucie comme d'une guigne de la légalité et qui, par bien des côtés paraît terriblement archaïque. Terriblement cinématographique aussi : courses automobiles clandestines comme dans La Fureur de vivre, prêcheurs inquiétants comme dans La Nuit du chasseur, courses-poursuites entre bootleggers et agents fédéraux comme dans ... le titre de votre choix, il y en a trop, cultes pentecôtistes où l'on manipule des serpents vénimeux pour prouver sa foi ....
Le roman ne donne pas vraiment envie d'aller faire du tourisme en Caroline du Nord et il faut avoir le coeur bien accroché pour engloutir, en un week-end ce roman très noir, mais une fois sortie du livre, le monde autour de moi m'a paru tellement ... lumineux ! Que j'en ai oublié la grisaille et les grèves. C'est à cela aussi que sert la littérature.
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