02 décembre 2019

Les Misérables

 Difficile de commenter le film de Ladj Ly. D'abord parce depuis le festival de Cannes, le film a déjà beaucoup été commenté, mais surtout parce qu'il est impossible d'en parler d'un point de vue purement cinématographique. Ce que j'ai surtout retenu c'est l'efficacité du film pour parler de l'état de la société française, dans certains quartiers de la banlieue parisienne. Bien qu'il ne soit pas bien difficile de transposer le film dans d'autres lieux, Marseille, Grenoble, Toulouse ....


Le réalisateur,qui sait de quoi il parle, montre l'affrontement entre d'un côté trois policiers de la BAC et différents groupes qui font la loi dans le quartier : caïds et dealeurs, frères musulmans, roms etc...

Au milieu des ces groupes aux réflexes claniques, qui se connaissent et ont établi une sorte de "modus vivendi", des gamins désoeuvrés, qui, par ennui, accumulent les bêtises. Les choses s'enveniment à partir du moment où la BAC est sollicitée pour enquêter sur un vol, à priori mineur. Mais dans un quartier comme celui-là, tout devient rapidement explosif.


On reçoit le film comme un coup de poing dans la gueule. Parce qu'à aucun moment le réalisateur ne donne raison à l'un ou à l'autre. Il n'y a pas d'un côté les bons et de l'autre les méchants, pas plus qu'il n'y a d'un côté les coupables et de l'autre les victimes. Non, tous les personnages sont montrés alternativement sous leur meilleur et sous leur pire jour, car ce ne sont pas les individus qui sont en cause, mais les conditions dans lesquelles ils vivent tous. Des maux bien connus : chômage, pauvreté, insalubrité des immeubles, promiscuité, absences de perspectives ... que notre société semble accepter comme une fatalité.
 En citant Victor Hugo : "Mes amis, retenez ceci, il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs." Ladj Ly rappelle qu'il n'y a de solution que politique à ce que l'on appelle la crise des banlieues qui pourrait virer à la guerre civile. Mais habilement le réalisateur suspend sa conclusion, comme pour nous laisser la possibilité d'agir.

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