"La réouverture des églises, synagogues et
mosquées dès ce week-end interroge sur les logiques à l’œuvre dans l’agenda
d’un déconfinement qui ne dit pas son nom, puisque rien dans la
documentation scientifique existante des modes de transmission et des
clusters n’indique qu’aller à la messe serait moins propice à la
contamination qu’une séance de cinéma, ou une déambulation au milieu des
toiles de Matisse – ce serait même plutôt l’inverse. Dans la course à
l’échalote hautement inflammatoire de l’essentiel et de l’inessentiel,
cette priorité dévolue à la pratique religieuse en ce pays laïc, dit de
l’exception culturelle, relève soit d’une aberration, soit d’un arrangement
politicien à tout le moins discutable. Le hiatus de deux semaines entre
réouverture des lieux de culte et celle, encore virtuelle, de la majorité
des lieux de culture, réduit sévèrement le champ des nourritures
spirituelles et nous renvoie pour quinze jours au Moyen Âge, quand l’art ne
pouvait s’admirer qu’au prisme des vitraux et au son de l’orgue, dans les
églises. Vivement la Renaissance."
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Julien Fester et Didier Péron
Libé
Culture <newsletter@newsletter.liberation.fr>
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