20 novembre 2020

Tom Cooper, Les Maraudeurs

 


Se plonger direct dans le roman et partir très loin, vers le Delta du Mississippi. La baie de Barataria n'est qu'à une 1/2 heure de la Nouvelle Orléans, mais c'est un autre monde. Celui des bayous, des cyprès noyés dans l'eau et couverts de mousse espagnole, des eaux fangeuses où traînent des alligators, un territoire noyé entre le ciel et l'eau qui sert d'habitat à toutes sortes de serpents et autres bêtes peu plaisantes.

 

A Jeanette, dernière terre habitée avant la baie, survit une population qui après avoir pris de plein fouet l'ouragan  Katrina en 2005, a connu la pire marée noire de son histoire en 2010, à la suite de l'explosion d'une plate-forme pétrolière. Les habitants sont pour la plupart des pêcheurs de crevette, mais personne n'achète plus le rare produit de leur pêche. Chacun se bat tant bien que mal pour survivre, et le combat est loin d'être gagné d'avance. Pour la plupart des personnages il est définitivement perdu. 

Mais avant d'arriver au terme du roman, Tom Cooper nous a fait partager l'existence de Lindquist qui à la pêche préfère son détecteur de métal tant il est persuadé de retrouver un jour le trésor de Jean Lafitte, le célèbre flibustier, ancien roi du bayou; on partage aussi l'existence des frères Toup, jumeaux monstrueux qui cultivent de la marijuana sur un des innombrables îlots de la baie,  et celle de Hanson et Cosgrove, deux losers pitoyables, celle de Grimes envoyé par la compagnie pétrolière pour renoncer à toute poursuite contre un chèque.  Autant de personnages hauts en couleurs et parfaitement campés, comme on a peu de chance d'en croiser dans nos vies bien sages. 

Et puis il y a Wes Trench, encore adolescent et son père.  La mère de Wes a disparu pendant l'ouragan et la relation entre le père et le fils est devenue de plus en plus chaotique. Sur un coup de tête, Wes quitte le bateau de son père, et s'efforce, tant bien que mal de trouver sa place au milieux des autres clampins du bayou avant de décider ce qu'il va faire de sa vie. On peut, c'est certain lire Les Maraudeurs comme un roman de formation, mais il faut bien reconnaître que grandir dans la baie de Barataria n'est pas facile et qu'il y faut une grande capacité de résilience et pas mal de détermination. 

Dépaysant et même un peu inquiétant par le milieu qu'il décrit, le roman de Tom Cooper est aussi, d'une certaine façon, un roman psychologique. Une alliance inhabituelle et très réussie.

Bonne nouvelle, le roman est aussi publié en poche ! 


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