Etrange film que ce Bergman Island qui entremêle trois lignes narratives et donc trois lectures possibles.
Il y a d'abord cette île, choisie par Ingmar Bergman pour y tourner plusieurs de ses films et dont il fit sa résidence à la fin de sa vie. Depuis sa mort en 2007, l'île est devenue un sanctuaire Bergman, mais aussi une attraction touristique puisqu'on y organise des conférences, des séminaires, et même des Safari Bergman ! Non sans ironie, Mia Hansen-Love accompagne les fans de Bergman dans leur périple touristique, entre admiration inconditionnelle et irrévérence. C'est assez drôle, mais on reste entre initiés...
Sur l'île débarquent, le temps d'une résidence artistique, un couple dont on découvre peu à peu que si lui est un cinéaste confirmé et admiré (qui se la joue un peu !), elle, est une jeune scénariste encore hésitante et pleine de doutes. A partir de là le film joue sur deux tableaux, celui d'une relation conjugale (vaguement faussée par une rivalité professionnelle) qui se confond avec les fantasmes qui nourrissent le scénario de la jeune femme. Le film entremêle continuellement les "affres de l'écriture" et les incertitudes des relations amoureuses, contraignant le spectateur à bien repérer les ruptures narratives pour ne pas se perdre entre fiction et réalité.
Bergamn Island est un film bien joué, joliment filmé, qui donne certainement envie d'aller arpenter les plages et les landes de Farö, mais qui semble ne viser qu'un public restreint. Une impression renforcée par le contexte actuel qui fait paraître un peu vaine l'histoire de ce couple d'intellectuels égocentrés, perdus dans leur propre histoire, loin de celle du monde. Une île quelque part en mer Baltique.