19 septembre 2022

Julie Otsuka, La ligne de nage

 Vite lu, vite oublié ? Je ne crois pas.  Parce qu'après deux chapitres à vrai dire assez éblouissants, où il est question de piscine et de natation, où il est question de tous les codes et les rituels de ceux et celles qui pratiquent régulièrement la natation en piscine, il est ensuite question de tout autre chose :  perte de mémoire et délabrement cérébral. Oui on aurait pu s'en douter en lisant les deux premiers chapitres : la fissure qui apparaît soudain dans le fond de la ligne de nage numéro 4, pour laquelle les experts n'ont pas d'explication et qui va entraîner la fermeture de la piscine, le personnage récurrent d'Alice, une nageuse un peu lunaire, un peu à côté de ses pompes, qui oublie de plus en plus souvent les codes et les rituels. Mais dès le troisième chapitre, c'en est fini de la fiction qui protège, la maladie neurodégénérative et son cortège de symptômes s'introduisent pour de bon dans la narration, avant de s'installer définitivement dans un établissement qui malgré son nom, Bella vista, n'a rien d'enchanteur. 

Et voilà comment l'on glisse insidieusement de ce que l'on avait abordé comme un roman (divertissant?)  à un récit instructif, un témoignage émouvant et sans doute autobiographique car à côté du "elle" qui sombre peu à peu, il y a le père et la fille (écrivaine) qui, sans pouvoir ni empêcher ni même freiner le naufrage, restent à ses côtés. Julie Otsuka, malgré la difficulté du sujet tient rigoureusement sa ligne narrative entre réalité objective et émotion. Pas de pathos mais beaucoup de finesse, beaucoup de tendresse.




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