Un décor sobre et élégant, un accueil chaleureux, et dans l'assiette des mets savoureux : oui le restaurant Colliot dans le Marais est une vraie bonne adresse.
30 septembre 2022
Colliot
Un décor sobre et élégant, un accueil chaleureux, et dans l'assiette des mets savoureux : oui le restaurant Colliot dans le Marais est une vraie bonne adresse.
29 septembre 2022
Clichés américains
En plus des rencontres littéraires, le festival America de Vincennes propose des expositions de photos. Comme celles de Jacob Chetrit, reportage sur Sydney, une petite ville du Nord Est du Montana. Pas l'Amérique la plus touristique certes, pas celles du rêve américain non plus. Pourtant c'est dans la lumière de ces photos que je retrouve quelque chose de "mon" Amérique.
Festival America
Le festival qui réunit à Vincennes plus de 50 écrivains nord-américains. En provenance des Etats-Unis en grand majorité. 58 écrivains ? mais combien de lecteurs passionnés ? Trois jours pour se gaver! Repérer des titres, des écrivains ... et apprécier le travail des interprètes qui restituent fidèlement et rapidement les propos de chacun.
Mon endroit préféré : le café des libraires où toutes les heures se succèdent trois écrivains, Une bonne façon de faire le point sur les récentes productions éditoriales. Les Russel Banks, Louise Erdrich, Richard Ford, Jonathan Franzen, Armistead Maupin, Joyce Maynard ont déjà leur notoriété. Mais à côté d'eux Natan Harris, Jason Mott, Mateo Askaripour, Leila Mottley, Shannon Pufhal, et tant d'autres, les "petits nouveaux" du monde littéraire ne sont pas moins intéressants. Oui, Ii y a encore de belles découvertes à faire en littérature américaine.
28 septembre 2022
Jason Mott, L'enfant qui voulait disparaître
C'est un enfant noir, d'un noir absolu, si noir qu'on l'a surnommé Charbon. Il apparaît sans qu'on l'aie vu venir, disparaît de la même façon. Il accompagne un écrivain perdu depuis un certain temps dans une tournée promotionnelle qui n'en finit pas : un jour sur la côte Ouest, un jour sur la côte Est, un jour n'importe où en Amérique. Difficile de dire si Charbon est bien réel où s'il n'existe que dans l'imagination de l'écrivain qui de toute façon a beaucoup de mal à faire la différence entre la réalité et la fiction. Un abus d'alcool peut-être, mais pas seulement !
Charbon et l'écrivain ne sont de toute façon que des personnages inventés par Jason Mott, mais les situations périlleuses, les confrontations sans raison avec la police, les meurtres auxquels ils assistent ou dont ils sont la victime sont bien réels. Comme est surtout réelle la peur des Noirs américains d'être un jour ou l'autre confronté à ce genre de situation. Sans autre explication que la couleur de leur peau.
Ecrivain noir né en Caroline du Nord où il vit toujours, Jason Mott parle de ce qu'il connaît. En utilisant toutes les ressources du romanesque, et en particulier l'humour, il permet au lecteur, non seulement de comprendre, mais de ressentir ce que cela fait de se sentir toujours en danger et de mettre au monde des enfants qui auront un jour ou l'autre à affronter la violence des arrestations non justifiées. Dès lors, se fondre dans l'obscurité et devenir invisible apparaît bien comme le seul moyen d'être enfin en sécurité dans un monde qui ne veut pas de vous.
Hell of a book est le titre d'origine du roman. Un sacré roman en effet !
22 septembre 2022
Chronique d'une liaison passagère
Le film est bavard. Très ! Mais pas tellement plus qu'un Eric Rohmer ou qu'un Woody Allen. Parce que c'est dans cette veine-là que s'inscrit le film d'Emmanuel Mouret. 40? 50 ans ? Le mi-temps de la vie ? Le bon moment pour se poser des questions sur sa vie amoureuse. Relation extraconjugale pour lui, aventure sans conséquence pour elle, à moins que .... Les deux acteurs sont parfaits dans leur rôle, elle toute en légèreté et en insouciance, lui plus grave, plus lent. A priori ils ne sont pas vraiment faits pour s'entendre, mais l'amour, n'est-ce pas, n'a rien à voir avec la raison.
Bavard, le film tient essentiellement par le dialogue, travaillé, peaufiné, jusqu'à la mise en bouche.Mais pas seulement ! Parce que que la caméra est extrêmement mobile et les personnages le sont également. Comme dans cette première séquence où les personnages se tournent autour, virevoltent, changent de côté, se retournent. Une scène assez virtuose finalement. Viennent ensuite les changements de lieux qui soulignent la volatilité des sentiments autant que la versatilité de la relation. Bel accord de la forme et du sujet.
Il y a dans cette Chronique d'une liaison passagère quelque chose de très XVIIIe siècle - Marivaux bien sûr - mais quelque chose de très moderne aussi dans ce désir de jouissance immédiate que l'on voudrait sans remords ni regrets. .
20 septembre 2022
Louise Erdrich, Celui qui veille
Pour entrer dans le dernier roman de Louise Erdrich, Celui qui veille, il faut du temps devant soi : 543 pages quand même ! Et puis il faut prendre le temps de faire connaissance avec la foultitude de personnages qui apparaissent au fil des premiers chapitres, passent au premier plan, au second plan selon les besoins du récit qui suit plusieurs lignes qui s'entrecroisent, se superposent, divergent...
Celui qui veille est un roman familial, centré autour de Thomas Wazhashk, le propre grand-père de Louise Erdrich. Thomas, veilleur de nuit, mène avec ceux de la tribu d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, un combat contre un décret qui vise à supprimer les aides fédérales auxquelles ils ont droit. L'histoire est vraie et s'est passée en 1953. Autour de Thomas, cette figure emblématique de la lutte des Indiens pour leurs droits, gravitent un grand nombre de personnages tous plus ou moins représentatifs de la condition indienne, de l'aspiration des individus à une vie un peu moins rude, un peu plus juste. Pixie, qui se fait appeler Patrice, est la nièce de Thomas, elle est aussi combative que lui et se lance à la recherche de sa soeur Vera partie à Minneapolis aux bras d'un homme. Thomas, Patrice, deux personnages phares pour éclairer un roman qui sans eux serait peut-être un peu trop sombre. Mais à côté d'eux il y a aussi la mère de Pixie, son petit frère, Barnes le maître d'école blanc, entraîneur de boxe à ses heures, Wood Mountain, le boxeur, Vera la soeur disparue, Louis, Juggie, Millie.... chaque personnage parfaitement campé et nuancé. A lire trop vite on risque de se perdre un peu, mais le voyage que nous propose Louise Erdrich au coeur de la réserve de Turtle Mountain dans le Dakota du Nord est de ceux que l'on n'oublie pas.
19 septembre 2022
Julie Otsuka, La ligne de nage
Vite lu, vite oublié ? Je ne crois pas. Parce qu'après deux chapitres à vrai dire assez éblouissants, où il est question de piscine et de natation, où il est question de tous les codes et les rituels de ceux et celles qui pratiquent régulièrement la natation en piscine, il est ensuite question de tout autre chose : perte de mémoire et délabrement cérébral. Oui on aurait pu s'en douter en lisant les deux premiers chapitres : la fissure qui apparaît soudain dans le fond de la ligne de nage numéro 4, pour laquelle les experts n'ont pas d'explication et qui va entraîner la fermeture de la piscine, le personnage récurrent d'Alice, une nageuse un peu lunaire, un peu à côté de ses pompes, qui oublie de plus en plus souvent les codes et les rituels. Mais dès le troisième chapitre, c'en est fini de la fiction qui protège, la maladie neurodégénérative et son cortège de symptômes s'introduisent pour de bon dans la narration, avant de s'installer définitivement dans un établissement qui malgré son nom, Bella vista, n'a rien d'enchanteur.
Et voilà comment l'on glisse insidieusement de ce que l'on avait abordé comme un roman (divertissant?) à un récit instructif, un témoignage émouvant et sans doute autobiographique car à côté du "elle" qui sombre peu à peu, il y a le père et la fille (écrivaine) qui, sans pouvoir ni empêcher ni même freiner le naufrage, restent à ses côtés. Julie Otsuka, malgré la difficulté du sujet tient rigoureusement sa ligne narrative entre réalité objective et émotion. Pas de pathos mais beaucoup de finesse, beaucoup de tendresse.
18 septembre 2022
Peter Lindbergh
Photographe de mode, photographe de mannequins, celles qu'on appelait top modèles dans les années 80/90 : les Claudia Schiffer, Linda Evangelista, Naomi Campbell, Cyndy Crawford ... C'est ce côté du travail de Peter Lindbergh que Tara Londi, commissaire d'exposition et Gilles Mora, directeur artistique du Pavillon populaire de Montpellier ont choisi de montrer. Photogénie des sujets, talent du photographe : la combinaison est forcément réussie.
J'espérais trouver quelques-unes des photos faites en Afrique, comme celles qui sont accrochées sur les murs de l'hôtel Nord-Pinus à Arles. Mais non. Pas de fauves. Juste des femmes dont on dit que le photographe cherchait surtout à capter l'âme.
17 septembre 2022
Nathan Harris, La Douceur de l'eau
Lire c'est, anticiper, faire continuellement des hypothèses, imaginer ce que l'auteur va inventer pour ses personnages, comment il va les tirer d'affaire ou au contraire les enfoncer... Et ce que j'aime par dessus-tout, c'est lorsque mes hypothèses sont démenties au fur et à mesure que j'avance dans le roman. Lorsque l'auteur n'emmène pas son lecteur sur des chemins convenus, mais le surprend constamment. Voilà en tout cas ce que Nathan Harris, qui n'en est pourtant qu'à son premier roman, parvient à faire.
La douceur de l'eau est un roman sudiste, puisque l'intrigue se déroule en Georgie, juste à la fin de la guerre de sécession. D'un côté les vaincus, les Blancs donc. De l'autre côté les Noirs, esclaves tout juste affranchis. La situation est complexe (et à ma connaissance par souvent abordée dans un roman), parce que la liberté sans les moyens d'en user, est-ce vraiment la liberté ? Prentiss et Brandy se sont réfugiés dans les bois, libres certes, mais sans moyens de gagner leur vie sauf à retourner sous les jougs de leurs anciens propriétaires. Les propriétaires justement ne sont pas tous aussi affreux qu'on voudrait le croire. Certains sont pires, et ont du mal à accepter la défaite; mais d'autres ont été ruinés par l'abolition de l'esclavage. D'autres encore sont depuis toujours en dehors du système; c'est le cas de George et Isabelle Walker, dont le fils Caleb a été porté disparu .... Une famille atypique pour le Sud, dont les agissements - ils ont engagé Prentiss et Brandy, leur donnent un salaire et un logement - est mal accepté par la "bonne" société...
C'est le début d'une situation qui se complique de chapitres en chapitres, au fur et à mesure que l'auteur précise le caractère de ses personnages et les raisons de leur comportement, tout en restant suffisamment allusif pour que le lecteur ait envie de compléter en fonction de ce qu'il sait ou croit savoir sur cette Amérique, celle de 1865 qui n'est peut-être pas si différente de celle d'aujourd'hui.
Un premier roman aussi réussi, aussi riche que La Douceur de l'eau est chose rare. Le talent de Nathan Harris est indéniable, il a des choses à dire, il sait faire évoluer ses personnages, il sait créer une intrigue, décrire des paysages, construire des dialogues... Son roman a obtenu la récompense Ernest J. Gaines, c'est tout dire. Reste à espérer qu'il ait en réserve suffisamment de matière pour d'autres romans. Mais je n'en doute pas.
16 septembre 2022
Le long du canal du Midi
Me promener le long du canal du Midi, cela fait partie des habitudes auxquelles je ne saurais manquer. Parce qu'il y a toujours quelque chose à découvrir : un vieux voilier mal en point, dont la dernière saison est sans doute arrivée...
... une péniche beaucoup plus fringante, qui remonte - qui descend ? - le canal, pour traverser l'étang et sans doute rejoindre le port de Sète...
... deux voiliers des Glénans - sans moteur évidemment - remorqués jusqu'à l'étang pour tirer des bords, prendre quelques risées et apprendre à naviguer.
Selon l'heure et le jour, le ciel est bleu, le ciel est gris, la lumière de plus en plus douce à mesure qu'on avance vers l'automne. Une promenade le long du canal du midi, c'est toujours pareil et toujours différent !
15 septembre 2022
Balaruc-le-vieux
"Le Vieux", pour le distinguer de Balaruc-Les-Bains. Effectivement, une très vieille petite ville dont l'origine remonte ... au moins au Moyen-Âge si l'on se fie à son implantation en haut d'une colline, à la disposition circulaire et labyrinthique de ses rues, aux vestiges architecturaux aperçus ici et là.
Et pour terminer la visite, un moment de détente au Chifoumi, un restaurant au décor particulièrement soigné, en terrasse comme à l'intérieur. Avec juste ce qu'il fallait dans nos assiettes et dans nos verres pour un déjeuner léger.
14 septembre 2022
Abbaye Saint-Felix-De-Monceau
Une abbaye en ruine, très en ruine ! malgré les efforts de l' association qui a entrepris d'en préserver ce qu'elle peut et a crée autour de l'abbaye un joli jardin méditerranéen.
Ce qui est bien avec les ruines, c'est qu'elle ne bloquent pas l'imagination. Bien au contraire. Et le peu que l'on sait sur ces jeunes filles vouées à la religion sans même qu'on leur demande leur avis ne fait guère rêver. Mais les "dots" permettaient sans doute d'agrandir l'abbaye et les jeunes moniales, avaient apparemment trouvé moyen de se divertir ... si l'on en croit le vieux dicton "Saint-Félix-de-Monceau, 12 nonnes, 13 berceaux" . Oui, bon, j'aimerais croire que c'étaient bien les moniales qui menaient la danse, et qu'elles avaient le choix de leur cavalier.
Ordonnance du 4 juin 1332 de Jean de Vissec, Evêque de Maguelone
[...] Comme il ne convient pas que des vierges consacrées séjournent dans les demeures des personnes séculières, ou se mêlent aux réunions d'hommes, nous défendons aux religieuses d'assister aux veillées des militaires, aux noces ou à quelqu'autre solennité publique.
[...] Comme dans la Maison de Dieu, les Vierges consacrées ne doivent se livrer qu'au chant des hymnes et des cantiques, composés à la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous défendons très sévèrement, et en vertu de la sainte obéissance, à n'importe quelle personne de quelque sexe ou de quelque condition qu'elle soit de profiter de la fête de Saint-Félix ou celle des autres Saints, de la prise de voile ou de la bénédiction des soeurs, soit dans la chapelle soit dans une autre partie de l'Abbaye, pour chanter des chansons légères, conduire des danses et prononcer publiquement des paroles déshonnêtes, ainsi que cela s'est produit quelquefois, comme on nous l'a affirmé, au mépris de Dieu, au scandale de plusieurs et au péril des âmes.
13 septembre 2022
Nathalie Du Pasquier, Campo di Marte
Pas de séjour à Marseillan sans un passage au musée d'art contemporain
de Sérignan. Où je suis à peu près certaine de découvrir un ou une
artiste que je ne connais pas. Comme Nathalie Du Pasquier.
Nathalie Du Pasquier dit qu'elle peint "des natures mortes qui représentent des objets que l'on reconnaît...
... des objets qu'on ne reconnaît
pas, ou des objets qu'elle est seule à connaître." Elle peint aussi "des tableaux abstraits qui ne représentent rien."
Nathalie Du Pasquier construit des cubes qui sont comme des petites maisons sans fenêtre; elle dit que "c'est l'intérieur de ma tête dans laquelle sont installées des choses que j'aime."
Nathalie Du Pasquier dit que "les tableaux n'ont pas besoin pour être vus, d'être sur un fond blanc et silencieux."
Quand Nathalie Du Pasquier montre ses oeuvres dans un musée, c'est tout le musée qu'elle transforme! Et c'est tout à fait jouissif. Elle vient du monde du design, elle a commencé à travailler avec le groupe Memphis, elle est autodidacte en peinture. Elle ose, elle invente une nouvelle façon de voir, et nous invite à regarder autrement.
http://www.nathaliedupasquier.com/home1.html
https://mrac.laregion.fr/Nathalie-Dupasquier
12 septembre 2022
Bérangère Cournut, Zizi Cabane
Le roman est étrange, fantasque, mais sans entrer complétement dans le domaine du fantastique (comme celui de Laird Hunt que j'ai vainement essayé de lire il y a quelques jours). Zizi Cabane est avant tout un roman profondément humain. Celui d'une famille que la disparition inexpliquée de la mère fait chavirer. Trois enfants, encore bien petits et aux surnoms insolites - Béguin, Chiffon et Zizi, la petite dernière - qui devront apprendre à grandir avec le poids de cette absence. Un père tout aussi désemparé, qui cherche en vain à canaliser la source récemment apparue et qui met en péril les fondations de la maison; un grand-père protecteur, une tante à l'affection généreuse.... drôle de famille bousculée par la vie, si fragile et qui pourtant fait face.
Le monde inventé par Bérangère Cournut est à la fois onirique et réaliste. L'écrivaine sait surtout capter la fragilité des sentiments humains, ou plutôt la difficulté pour les personnages de comprendre non seulement ce que les autres ressentent mais ce qu'eux même éprouvent. Zizi Cabane est aussi un joli roman sur les liens familiaux, qui ne sont pas forcément ceux du sang, puisqu'il n'est pas certain que ce Marcel, venu de nulle part soit vraiment leur grand-père. Le récit est parfois chaotique; chaque personnage prenant la parole quand ça lui chante, il se crée une belle polyphonie à laquelle s'ajoute par moment une voix poétique, aquatique et ... maternelle.
Zizi Cabane est un roman étrange et envoûtant.
11 septembre 2022
Champsaur
Pourquoi aller se balader dans le Champsaur si ce n'est pour suivre les traces de Vivian Maier, dûment répertoriées par l'association qui s'attache à faire connaître cette étonnante photographe ?
Rivaliser avec Vivian Maier ? Certainement pas à ma portée, même si je me suis amusée à passer quelques photos en noir et blanc. Pour voir. Mais j'ai beaucoup de mal à renoncer aux couleurs surtout quand elles sont aussi douces et harmonieuses que dans cette ruelle.
Saint Bonnet en Champsaur, Saint Julien en Champsaur, Pisançon, Valgaudemar ... Il suffit de suivre les circuits proposés par la Maison de la photographie Vivian Maier pour retrouver, non seulement les lieux où elle a vécu, mais, plus intéressants, encore les lieux qu'elle a photographiés.
Le long de ces circuits, des panneaux judicieusement placés, reproduisent la photo prise par Vivian et permettent de retrouver l'angle exact, le cadrage d'origine ... Parfois rien n'a changé ou presque, bien que le garçon vacher ne conduise plus ses deux vaches au milieu de la rue. Parfois on ne reconnaît rien ou presque, la modernité est passée par là ! Parfois encore, on maudit la voiture qui s'est garée juste au mauvais endroit et empêche de faire la photo qu'on aurait voulu faire.
Le Champsaur comme un jeu de piste, avec pour récompense quelques spécialités locales. Une belle journée de fin d'été. Mais en automne la région doit aussi avoir son charme.
10 septembre 2022
Laird Hunt, Dans la maison au coeur de la forêt profonde,
Grosse déception. Pourtant j'avais bien aimé deux de ses précédents romans : Neverhome d'abord, Route de nuit ensuite. Mais là j'ai calé. On est pourtant bien dans la même veine, celle de personnages féminins forts, qui prennent la route et s'en vont vivre leur destin, un chemin hors du commun.
Dans la maison au coeur de la forêt profonde, l'auteur s'engage définitivement dans le fantastique et même si le surnaturel est là pour révéler quelque signification profonde concernant les femmes ou l'humanité en général, le livre m'est tombé des mains. Juste pas ma tasse de thé !
J'aurais pu m'en douter en voyant la couverture ! Tant pis pour moi, mais je suis sûre que le livre trouvera ses lectrices. Et peut-être même ses lecteurs.
09 septembre 2022
La dégustation
Une comédie romantique ? Oui, un gentil film avec tout ce qu'il faut de bons sentiments pour ne troubler personne. Une histoire d'amour entre une grenouille de bénitier et un caviste bougon et solitaire.
Elle s'occupe de sa vieille maman, et joue les dames-charité auprès de "ses" SDF, mais ne rêve que d'une chose : un enfant ! L'horloge biologique n'est-ce pas ? Lui multiplie les accidents cardiaques et, pour éviter la faillite, se voit contraint d'engager un "cas social". D'accord, ça fait un peu trop, mais ce 3e personnage apporte juste ce petit brin de fantaisie qui empêche le film de s'enfoncer. Pour un dimanche soir, il y a pire et j'ai parfois ri de bon coeur.
08 septembre 2022
07 septembre 2022
Charif Majdalani, Dernière oasis
Oui la couverture est une invitation au voyage, mais un voyage pour le moins mouvementé puisque l'oasis en question se trouve en Irak, un pays qui malgré l'image n'a rien de paisible surtout en 2014, au moment de l'avancée islamique.
C'est un expert en archéologie, qui, à la demande du général Ghadban se rend en Irak pour y authentifier et évaluer différentes pièces dont l'origine n'est pas vraiment claire. On se dit en début de lecture que l'écrivain nous emmène vers un trafic d'antiquités, mais c'est surtout vers une histoire politique compliquée qu'il nous entraîne. Une résurgence de la question d'Orient ? Difficile en effet de ne pas voir affluer, au fil de la lecture, le souvenir d'autres lectures, Lawrence d'Arabie, Kessel et même Malraux. Tout un imaginaire aventureux autour de l'Irak, de la Syrie, de la Turquie, du Kurdistan...
Esthète et contemplatif, le narrateur, placé en position d'attente indéfinie au raison des événements guerriers autour de l'oasis, s'efforce de démêler les alliances, les complicités, pour accéder à une vérité qui toujours échappe. Chronique hypothétique et allusive d'une guerre à la fois réelle et fictive, le livre est aussi une réflexion sur l'Histoire, sur la place du hasard ou de la volonté dans la précipitation des événements, mais aussi sur la répétition des cycles au fil des millénaires.
Dernière oasis est finalement un roman où s'entrecroisent de multiples pistes. A chaque lecteur de suivre la sienne.
06 septembre 2022
Sylvie Durastanti, Sans plus attendre
Le bleu de la mer pour tout horizon et l'attente, interminable. Quelque part du côté d'Ithaque ... Inutile d'en dire beaucoup plus, car déjà la quatrième de couverture a cassé le suspense. Oui Ulysse est revenu, vivre auprès de sa femme le reste de son âge.
Mais le sujet du livre n'est pas Ulysse, ni la guerre menée contre les Troyens, ni le difficile voyage de retour. Non, le vrai sujet du livre c'est l'attente qui dure plus qu'il n'est supportable, c'est le temps qui se dilate et n'en finit pas de passer. C'est le dit de Pénélope. "Nous serions nous perdus, perdus à jamais ? Toi à travers les flots, les îles et les terres ? Moi à travers les heures, les jours, les mois et les années ? La mer est ton labyrinthe. Comme le temps est le mien. "
Je ne sais ce qui dans le livre de Sylvie Duranstanti est le plus digne d'éloges : l'idée de s'appuyer sur les derniers chants du texte d'Homère, pour donner la parole à Pénélope et proposer un autre point de vue, moins glorieux, moins héroïque, mais tellement juste ? La mise en voix du texte partagé entre Pénélope et sa servante Eri, avec l'ajout de quelques rares personnages Telem, le fils tant aimé, Mela, le Phénicien ? La mise en scène d'un mode de vie à la fois scrupuleusement respectueux de l'histoire et singulièrement dépoussiéré...
Le roman de Sylvie Durastanti est de ceux que l'on prend le temps de savourer, parce que tout y invite au dépaysement, à la fois temporel et spatial; la langueur du récit permet de se laisser bercer par l'écriture et de partager les émotions fugaces mais rémanentes des personnages. Une belle lecture vraiment.
05 septembre 2022
Leila et ses frères
Leila est une battante. Leila est iranienne. Elle est affligée d'un père - c'est peu de dire qu'il est égoïste, et tyrannique -, d'une mère insignifiante et soumise à son mari, et de quatre frères dont trois au moins sont de vrais bras cassés, le quatrième échappant de peu à la définition. Et tous vivent en Iran, un pays dont la culture et les traditions n'ont pas grand chose à voir avec la nôtre. Sauf pour Leila, qui a la tête sur les épaules et se démène pour essayer de sauver sa famille de la misère.
Saeed Roustaee, brillant réalisateur de La Loi de Téhéran, n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il s'agit de montrer les aberrations de la société iranienne, les difficultés auxquelles se heurtent ceux qui ne font pas partie des privilégiés du régime ou des clans, ceux enfin, qui restent empêtrés dans leurs traditions. Comme pour signifier que s'ils restent dans la pauvreté c'est parce qu'ils y consentent, parce que leur respect pour les codes sociaux les empêche d'avancer. Approuve-t-il pour autant la détermination farouche de Leila à rompre avec les règles et à s'affranchir des liens du passé pour aller de l'avant, ce n'est pas certain. En tout cas il est très satisfaisant de voir un personnage féminin aussi déterminé, aussi combatif.
04 septembre 2022
Natasha Trethewey, Memorial Drive
Né d'un père canadien (blanc) et d'une mère américaine (noire) Nathasha a grandi dans le Sud des Etats-Unis, dans le Mississippi où les mariages raciaux ont été interdits jusqu'en 1967. Après un premier divorce sa mère se remarie. La violence est alors non seulement à l'extérieur dans la société mais aussi dans la cellule familiale.
La beauté du récit de Natasha Trethewey tient en grande partie à sa retenue; la brutalité des faits, qu'ils soient dans la société ou dans l'intimité du foyer est comme tenue à l'écart par la discrétion, la pudeur de la jeune femme, qui en fait toujours moins plutôt que trop, mais au final porte la culpabilité de ce qui s'est passé, comme autant d'interrogations sur ce qu'elle aurait pu faire, aurait dû faire. Sur ce qu'elle n'a pas fait.
Memorial Drive est un beau livre, un double portrait de femme, celui de l'écrivaine et celui de sa mère. Un beau livre malgré la tristesse qui en émane.
03 septembre 2022
Igort, Les Cahiers Ukrainiens (mémoires du temps de l'URSS)
Trouvé au hasard d'une bibliothèque, ce document graphique sur l'Ukraine au temps de l'URSS.
Pas une bande dessinée à proprement parler, pas un roman graphique, plutôt un document, le récit d'un séjour en Ukraine en 2009 (après l'indépendance mais avant l'annexion de la Crimée et la guerre du Donbass). Un séjour et surtout des rencontres, avec des gens plutôt âgés qui se souviennent du temps où l'Ukraine faisait partie de l'URSS, soumise par conséquent à tous les diktats de Staline et quelques autres. Les témoignages sont effroyables mais crédibles, surtout quand il s'agit d'évoquer les déportations de masse au début des années 30 et l'Holodomor, la grande famine sciemment provoquée par le gouvernement soviétique. Les faits sont attestés, comme les tentatives de l'Ukraine pour faire reconnaître par l'Onu qu'il s'agissait bien d'un génocide.
J'avoue ne pas avoir aimé le dessin, que j'ai trouvé un peu lourd, un peu brutal, mais je reconnais qu'il est parfaitement adapté au sujet. L'Ombre de Staline, le film d'Agnieszka Holland sorti en 2020, traitait le même sujet, mais laissait une chance au spectateur de ne pas tout à fait comprendre. Ici c'est impossible. La réalité des faits est exposée brutalement sans aucun effort pour l'édulcorer. Il vaut mieux sans doute que le lecteur en soit averti.
Les Cahiers ukrainiens ont été publiés en 2010. Deux ans plus tard, Igort a publié un deuxième ouvrage de la même veine : Les Cahiers russes (les guerres oubliées du Caucase).
02 septembre 2022
Police frontière
Un vieux film de 82. En version restaurée. Avec, excusez du peu, Jack Nicholson et Harvey Keitel. C'est tout le charme de l''été et des reprises qui sont autant de découvertes.
L'histoire est sombre évidemment puisqu'il s'agit de la police américaine qui intervient à la frontière du Mexique pour empêcher les clandestins de passer ou à défaut les attraper et les renvoyer chez eux. Jack Nicholson joue le bon flic, plein d'empathie et d'humanité. Harvey Keitel joue le mauvais flic, qui profite de sa situation pour empocher un maximum de fric. Car - et c'est là que le film date un peu - les épouses des deux flics sont des espèces de dindes exubérantes, aussi futiles que frivoles, qui bien sûr ne travaillent pas et ne pensent qu'à acheter, acheter, acheter .... ce qui explique l'importance que les deux flics accordent à l'argent. Et pour l'argent l'un au moins est prêt à tout. L'autre s'interroge... En tout cas il est évident que la frontière est moins celle qui sépare le Mexique des Etats-Unis que celle qui sépare les deux hommes. On appelle cela la conscience.
Le film de Tony Richardson tient évidemment compte de la situation des années 80 pour parler de l'immigration d'une part et dénoncer (?) la frénésie de consommation d'autre part. Je ne suis pas certaine cependant que la situation à la frontière se soit bien améliorée depuis et que l'envie de consommer à tout va, se soit beaucoup atténuée.
01 septembre 2022
Barlen Pyamootoo, Monterey
Une lecture plusôt agréable, ne serait-ce que par la fluidité de l'écriture, d'une simplicité que l'on pourrait croire un peu plate, mais qui est en réalité joue passablement sur l'ironie. Et le décalage entre la neutralité affichée et les événements racontés.
De quoi s'agit-il ? D'un gamin de Monterey qui n'a qu'une idée en tête, sortir de la pauvreté. Et comme il est plus doué pour la mécanique que pour les études, il parvient à se faire embaucher par un carrossier et peu à peu à monter sa propre affaire. Il est très apprécié de ses clients qui par "amitié" lui proposent de participer à leurs petits trafics. Le voici mécanicien et dealer. Le début de la spirale. Ascendante ? Descendante ! Et c'est à ce moment que l'écriture prend toute sa valeur, parce que les deals sont tout aussi benoîtement racontés que le séjour en prison. Sans dramatisation, sans mélo, juste de façon très ... factuelle. Joli tour de force de Barlen Pyamootoo.