07 février 2020

Slacker


Slacker ? Traduction : fainéant ! Effectivement les personnages de Richard Linklater ne font rien ou pas grand chose. Ils ne sont pas paresseux pour autant, mais ils "glandent". Ils sont pour la plupart à cet âge où rien n'est encore déterminé : de vagues études, des petits boulots, un temps de latence qui leur permet de repousser à plus tard les choix définitifs et de se laisser porter par leurs envies du moment.  Tourné en 1990 à Austin (Texas), la ville qui s'enorgueillit de rester "bizarre" - Keep Austin weird ! - le film ne peut passer pour le portrait de toute génération, mais sa portée sociologique n'est est pas moins évidente.

Cette tentative de description d'une certaine jeunesse américaine n'a pourtant rien d'un documentaire grâce à la forme ludique que le réalisateur a choisi pour son film. Il s'agit en effet d'une ronde, façon Max Ophuls, avec un premier personnage tout juste débarqué du bus qui l'a mené à Austin et qui dans un premier monologue laisse entendre que tout choix laisse forcément d'autres possibilités qui ne seront jamais accomplies, mais auraient pu l'être. Le principe de l'arbre de choix ainsi posé, le cinéaste lâche son personnage pour un autre qui à son tour croisera le chemin d'un troisième etc... Au bout du film, le spectateur a suivi presque une centaine de personnages, tous différents, tous avec une lubie plus ou moins affichée,  ou simplement une façon d'être au monde.

Slacker, c'est une sorte de répertoire d'individus curieux, étranges, banals, ordinaires... d'individus qui ne font rien, mais n'en existent pas moins. Et Richard Linklater un cinéaste avec une façon de voir et de filmer suffisamment originale pour que l'on ait envie de voir ou revoir d'autres films de lui, si possible sur grand écran !


 

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