10 février 2020

Le Photographe


Le cinéma indien, du moins le peu que j'en ai pu voir, me fascine toujours par sa capacité à dire des choses sur l'état de la société indienne. Même - surtout -  dans les productions bollywoodiennes avec force couleurs, danse et musique.
Le film de Ritesh Batra, Le Photographe,  joue a contrario la carte de la sobriété avec des cadrages souvent serrés, justifiés par l'exiguïté des lieux, mais aussi par la volonté de scruter au plus près les visages alors justement que rien n'est clairement dit, tout est suggéré.


On pourrait en effet résumer le propos du film en disant qu'il s'agit de montrer comment une jeune-fille de la classe moyenne découvre le fossé qui la sépare des classes dites "inférieures".  Mais ce serait nier la subtilité du cinéaste qui, aux discours trop appuyés, préfère les images, moins explicites, plus allusives. Celles qui montrent le confort d'un appartement ordinaire (où la servante déroule chaque soir son matelas sur le sol de la cuisine) et le gourbi exigü que se partagent 4 ou 5 jeunes gens;  celles qui montrent que riches et pauvres ne partagent ni les mêmes nourritures, ni les mêmes distractions, ni les mêmes façons de parler, ni bien sûr la même éducation.

Bien que première de sa classe, Miloni paraît étrangement ignorante et naïve, mais son étonnement est sincère.  Raphi, le photographe rencontré par hasard sait depuis longtemps qu'il n'y a pas de passerelles entre leurs deux mondes, mais ne peut s'empêcher d'y croire ... un peu !  Entre les deux personnages les sentiments ne s'expriment que par le jeu des regards, un frôlement parfois, une phrase inachevée.

Le film de Ritesh Batra (réalisateur de The Lunchbox) n'est pas un film gai et lumineux, mais c'est un film tout en délicatesse. Un de ces films qui restent longtemps en mémoire.


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