15 février 2020

Matthew Neill Null, Le Miel du lion


Qui trop embrasse, mal étreint. Surtout pour un premier roman ! Pourtant, Matthew Neil Null ne manque pas d'audace car faire tenir un tel récit en quelques 400 pages seulement, c'est déjà pas mal. Mais je ne peux m'empêcher de penser que quelques pages de plus auraient permis de mieux développer certains personnages ou simplement de mettre un peu plus de liant dans la succession des événements pour que le lecteur s'y retrouve plus facilement.

Reprocher à un roman d'être trop riche c'est sans doute un comble et l'on peut aisément justifier le foisonnement du roman en le comparant aux forêts des Appalaches que justement il décrit.
"Des vagues d'arêtes et de crêtes, des vallées tortueuses, et des hérissements de pics, des champs de rochers et des rivières de pins en drapeau. " Car en Virginie occidentale les forêts poussent sur les montagnes creusées de vallons escarpés où l'on se perd facilement. Ce sont les forêts originelles, celles qui ont disparu à force d'être sur-exploitée.

La nature tient donc la part belle dans Le Miel du lion, mais ce n'est pas pour autant le thème majeur du roman car, aux yeux de leur propriétaires, cette forêt n'a d'intérêt que par ce qu'elle peut rapporter. Les arbres sont abattus, débités en tranches, transportés, vendus par une armée de miséreux qui travaillent dans des conditions épouvantables. Et l'on voit ainsi apparaître la dimension sociale du roman. De cette armée de bucherons émergent quelques figures auxquelles on s'attache, des hommes rudes, qui ont souvent derrière eux un passé, une famille, qu'ils préfèrent oublier. Quelques figures originales, un pasteur, un colporteur syrien, une prostituée... Une ébauche de syndicat, des miliciens envoyés par les patrons pour tuer dans l'oeuf toute velléité de grève, des traitres, un meurtre ... Le roman vire au polar... .

Trop, c'est juste un peu trop, malgré des moments très réussis, des personnages forts, des péripéties inattendues. Le Miel du lion est un bon roman, que j'ai bien aimé, mais dont j'aurais voulu pouvoir dire plus de bien. Et Matthew Neil Null est certainement un écrivain à suivre.

Cela tombe bien, les éditions Albin Michel viennent de publier Allegheny River, un recueil de ses nouvelles. Ma prochaine lecture ?



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