03 février 2020

Nickolas Butler, Le Petit-fils


J'étais un peu inquiète en commençant le nouveau roman de Nickolas Butler parce que, au vu du titre et de la quatrième de couverture, je craignais un mélo larmoyant sur la relation entre un enfant et ses grands-parents.
Mais passées les premières pages, on s'aperçoit vite qu'il y a beaucoup plus que cela dans Le Petit-fils parce que l'écrivain embrasse un sujet plus vaste que celui des relations familiales ; ce dont-il parle, en s'appuyant d'ailleurs sur des faits réels, c'est de l'emprise des religions ou simplement des croyances sur certains esprits et des tragédies qui en découlent.

Lyle et sa femme Peg sont très attachés à leur petit-fils Isaac. Mais la relation avec Shiloh, la mère de l'enfant est difficile et semble avoir toujours été conflictuelle. Elle est revenue depuis peu dans sa région d'origine séduite par un prédicateur passablement fanatique. Lyle et Peg, en dépit de leur doutes et de leurs inquiétudes essayent de ne pas rompre le lien avec leur fille et de protéger leur petit-fils, mais lorsque celui-ci tombe malade, la rupture est inévitable : persuadée que seule la prière peut soigner son fils, Shiloh refuse toute intervention médicale.

Le sujet à l'évidence est un peu "casse-gueule" et pouvait à tout moment basculer vers le manichéisme, le déni de foi ou la propagande rationaliste. Il n'en est rien. Nickolas Butler est suffisamment habile pour montrer les doutes de chacun, les bonnes volontés, les tentatives de compromis et ne pas mettre en cause les vraies religions puisqu'il fait du prédicateur, un vulgaire escroc; l'auteur d'autre part élargit son sujet en s'intéressant à la façon dont vit, avec ses doutes et ses convictions, une petite communauté rurale du Wisconsin, parce qu, en fin de compte, la solidarité et l'amitié se fichent pas mal des croyances de chacun.

J'ai pour ma part beaucoup apprécié aussi la façon dont Nickolas Butler, qui vit dans le Wisconsin, met en scène, au fil des saisons, cet Etat du Nord des Etats-Unis, situé entre le lac Michigan, le Mississipi et la frontière canadienne. A l'écart des grands circuits touristiques et pourtant si accueillant. ... et d'une certaine façon, si américain.

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