19 février 2020
Histoire d'un regard
On connaît ses photos. Enfin, certaines de ses photos. Mais le photographe ? Connaît-on seulement son nom ? Gilles Caron est mort jeune ou plutôt a disparu de façon inexpliquée au Cambodge en 1970. La photo n'avait alors ni ses temples ni ses festivals et pas encore l'aura qu'elle a aujourd'hui. Et c'est tout le mérite de Mariana Otero, documentariste rigoureuse et créative, de s'intéresser à ce photographe qui a laissé derrière lui des milliers de photos, pellicules, planches contact.
5 ans à peine pour multiplier les reportages et se faire un nom en photographie : Mai 68, le Vietnam, la prise de Jerusalem pendant la guerre des 6 jours, Belfast, le Biafra, le Tchad .... Accessoirement, le film sert aussi de rappel historique en revenant sur les événements de cette décennie tragique qui avait commencé, pour Gilles Caron, par 22 mois de service en Algérie.
Marianne Otero conduit son film comme un puzzle à reconstituer, une énigme à résoudre, multipliant les approches, chronologiques ou spatiales, pour tenter de retracer la trajectoire de ce jeune homme pressé. Résultat : pas une seconde d'ennui, l'envie d'en savoir plus et la nécessité de s'interroger sur le rôle du photographe quand il s'agit de montrer les effets de la famine sur un enfant décharné. Décent ? Indécent ? ou simplement indispensable pour faire savoir ? Le dilemme du photographe-reporter.
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