L'impression tout d'abord que l'essentiel du budget est passé dans la reconstitution du décor - les tranchées, la ville en ruine - gage a priori de réalisme. Mais quand s'y ajoutent les effets numériques, la scène devient tellement outrancière - la rivière en crue - que l'on n'y croit plus du tout. S'ajoutent à cela quelques "détails" gênants quand il s'agit de vraisemblance : le courrier dans la vareuse du soldat n'est en rien affecté par l'eau, à croire que l'encre était indélébile ! Du coup, au lieu de me laisser emporter par cette geste héroïque, j'ai passé mon temps à noter les défauts de raccord, les erreurs de maquillage ....
Peccadilles sans doute, mais qui entravent l'adhésion à l'histoire de ce soldat qui traverse le no man's land pour porter un message et empêcher 1600 hommes de tomber dans le piège tendu par les Allemands. Peut-être aussi le scénario amalgame-t-il trop de péripéties autour d'un seul personnage pour être totalement crédible.
Bizarrement, ce film très "hollywoodien" est parvenu, malgré tous ses défauts, à me remettre en mémoire quelques grands récits de guerre comme La Main coupée de Cendrars, ou Les Noyers de l'Altenburg de Malraux. L'évocation de ces plaines dévastées, calcinées, labourées par les tranchées et les obus, couvertes de cadavres en putréfaction passe aussi bien, voire mieux par les mots que par les images; on n'a pas toujours besoin de voir pour imaginer.
Et puis, en ce jour de Brexit, le film rarrive à point pour rappeler le rôle des soldats anglais dans la guerre de 14. Sans eux, sans leur combat "dans un pays qui n'est même pas le leur" comme il est dit dans le film, l'Europe ne serait sans doute pas la même.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire