Tout fan d'architecture brutaliste l'aura reconnue : c'est bien la Trellick tower de Londres, rebaptisée L'Eden par Olivier Dorchamps, qui trône sur la couverture du roman. Classé au Fond Mondial des Monuments Historiques, ce bâtiment tout en béton de 24 étages avec sa tour annexe qui contient tous les éléments techniques "les ascenseurs, les canalisations et tous les trucs qui tombent régulièrement en panne" n'est en fait qu'une barre d'immeuble comme les autres, plutôt délabrée, qui abrite toute la misère du monde ou presque.
En logeant dans cette barre d'immeuble, Adam, son personnage principal et ses deux amis Ben le Somalien et Pav le Polonais, l'écrivain n'a pas de mal à imaginer leur quotidien fait de tristesse, de coups durs, mais aussi d'entraide, avec, chevillée au corps, l'envie de s'en sortir sans tout à fait l'énergie pour y parvenir, à moins que ...
Quelles sont objectivement les chances pour un gamin comme Adam - mère disparue, père noyé entre la violence et l'alcool, petite soeur désorientée, pas d'argent - de faire quelque chose de sa vie ? C'est cette trajectoire difficile que l'écrivain met en scène, avec suffisamment d'humour pour ne pas plomber le roman. Parce que tout n'est pas noir non plus dans la vie d'Adam. D'abord parce qu'il peut compter sur l'amitié indéfectible de ses deux amis, parce qu'un matin banal il tombe amoureux fou d'une jeune fille aux yeux verts, parce que depuis deux ou trois ans il fait la lecture à Claire, une vieille dame aveugle qui croit en lui et l'encourage. Non rien n'est simple pour le personnage et le lecteur sait trop qu'il suffirait d'un rien pour qu'il bascule vers le pire. Mais le pire n'est pas toujours certain, n'est-ce pas ? Et l'écrivain sait maintenir son roman entre déterminisme et choix assumés. Ce qui au final est plutôt rassurant. En tout cas on suit avec beaucoup d'intérêt les avancées et les reculades de l'adolescent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire