Après Nous d'Alice Diop, Soy libre de Laure Portier. Un autre documentaire qui sort des sentiers battus. En fait Soy libre tient surtout de la biographie puisque le sujet du film est le propre frère de la réalisatrice, et le film est monté à partir de séquences tournées soit par Laure, soit par Arnaud.
Arnaud a été un enfant turbulent, avec un père absent et une mère agressive voire violente. C'est en tout cas le ressenti du jeune homme qui a ensuite accumulé les "conneries" avant de se retrouver en famille d'accueil, puis en prison avec pour seule alternative un foyer de réinsertion. Arnaud n'est pourtant pas une tête brûlée; c'est un garçon impulsif certes, mais aussi réfléchi ; il "ne boit pas, ne se drogue pas", pense que la vie peut lui offrir une seconde chance pour peu qu'il y mette du sien et il est fermement décidé à repartir sur une autre voie, trouver un boulot, fonder une famille. Il rompt avec son passé, brûle symboliquement son scooter, change de pays parce que changer de langue lui permet d'être "un autre".
Le film, tourné caméra à l'épaule, avec des scènes filmées par Arnaud lui-même est "brut de décoffrage", une façon de faire qui s'accorde bien avec le tempérament du personnage et le propos de la réalisatrice. Un des points forts du film est d'ailleurs cette relation entre le frère et la soeur, à la fois protectrice et complice mais aussi bien agressive et distanciée.
Soy libre est un film sans doute un peu dérangeant, ne serait-ce que par sa forme, mais il ne laisse pas indifférent et pour ma part j'aimerais assez que, dans quelques années, Laure Portier reprenne sa caméra pour nous dire comment vit maintenant son frère.
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