Le film de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk est un film à entrées multiples, ce qui permet à chaque spectateur d'y trouver son compte.
D'abord la photographie, superbe et souvent surprenante, alors même que l'univers dans lequel se meuvent les personnages est souvent boueux, pluvieus, brumeux, sale et il faut bien le dire, misérable. On est dans une région particulière de l'Ukraine, le Tchernivitsi, proche de la Roumanie. Une région suffisamment pauvre pour que la question de l'émigration se pose.
Le film a donc une dimension sociale puisque dans cette contrée, le travail est rare et qui veut gagner sa vie n'a guère d'autre choix que l'émigration ou la contrebande. Ce qui permet au réalisateur d'orienter son film vers le genre policier : le trafic frontalier étant monopolisé par un chef de bande tout puissant. Un chef mafieux, cruel et sans pitié, que chacun craint et auquel chacun se soumet par peur plus que par intérêt, un potentat qui garde un ours en cage ... Oui, bien sûr, le film a aussi une dimension politique. Car il est facile d'imposer son pouvoir à un peuple illettré et miséreux.
Mais Le Serment de Pamfir c'est aussi et surtout la promesse que Pamfir a faite à son fils : de ne pas repartir travailler en Pologne, et d'être là pour la fête de la Malanka, un carnaval pour lequel les masques sont préparés de longue date et qui revêt une importance particulière pour Nazar. Oui, le film est aussi une histoire de famille, une relation entre un père et son fils. Jusqu'où Pamfir est-il prêt à aller pour que son fils ait un avenir meilleur que le sien. Mais on peut aussi se demander jusqu'à quel point un homme peut choisir son destin, échapper aux déterminations sociales ou existentielles.
Que Le Serment de Pamfir soit un très grand film, un excellent film, c'est une évidence. Reste à espérer que son réalisateur, qui documente actuellement la guerre menée par la Russie dans son pays, ait la possibilité de faire d'autres films...
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