Non, le film n'est pas facile, car oui, les fils sont un peu difficiles à démêler, mais ce que Jafar Panahi a à dire sur l'Iran, sur la difficulté de faire un film en Iran, même - surtout? - quand on est un cinéaste reconnu et estimé à l'étranger, mérite bien que l'on s'arrache à nos habitudes.
D'abord et avant tout, il y a la frontière entre l'Iran et la Turquie, ce territoire interdit où l'on ne peut s'aventurer que de nuit et où il n'existe que deux pistes, celle des passeurs ou celles des contrebandiers et elles sont aussi dangereuses l'une que l'autre.
Ensuite il y a la petite chambre rustique où Jafar Panahi s'est réfugié en comptant sur les réseaux informatiques pour diriger, à distance et avec l'aide d'un assistant, l'équipe de tournage qui se trouve de l'autre côté de la frontière. Mais dans ce village perdu de l'Est de l'Iran, les réseaux fonctionnent mal et sont souvent coupés. Le film n'avance pas.
D'autant que les deux acteurs principaux, ne pensent qu'à une chose, obtenir leurs passeports pour pouvoir s'installer en France. Cela fait plus de 10 ans qu'ils attendent.
Enfin il y a le village et ses habitants, dont la vie est depuis toujours dominée par les traditions comme celle qui consiste à attribuer dès sa naissance une fille en mariage à un homme. Peu importe qu'arrivée à l'âge de se marier, elle l'aime ou pas. Le mariage n'a de toute façon rien à voir avec l'amour. Et si l'amour s'en mêle, le village entier va s'emmêler. Jusqu'au pire évidemment.
Bien qu'il soit parfois drôle, Aucun ours n'est pas un film optimiste. Loin de là. Et le message du cinéaste est parfaitement claire. L'oppression est religieuse, politique, mais elle est aussi le fait des traditions immuables, de l'incapacité des êtres humains à changer, à évoluer.
Jafar Panahi, qui en 2010 avait été condamné à 6 ans d'emprisonnement, mais laissé en liberté conditionnelle avec interdiction de filmer ou de prendre la parole en public, a été arrêté en Juillet de cette année et se trouve actuellement en prison.
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