06 juillet 2021

Benjamin Whitmer, Les Dynamiteurs

 J'avais lu Pike, le premier roman de Benjamin Whitmer et dans ma critique j'écrivais :  "Pike est un roman à manipuler avec autant de précaution que de la nitroglycérine, un roman à ne pas mettre en toutes les mains tant il est sombre."  

De la nitroglycérine il y en a effectivement dans son dernier roman, comme le titre pouvait le laisser supposer, et ce roman est aussi sombre que le premier, bien que le décalage temporel - l'histoire se passe à la fin du XIXe - mette un peu à distance les scènes les plus dures,  les plus cruelles ! La peinture, très réaliste et très noire que fait l'auteur des bas-fonds de Denver est si éprouvante que l'on essaye de se rassurer en se rappelant qu'il s'agit bien de fiction. Il y a pourtant, dans tout ce noir, quelques éclairs de tendresse, ne serait-ce que l'attachement de Sam, le narrateur, à Cora, la jeune-fille qui a pris sous son aile les plus fragiles des gamins perdus et qui s'efforce de les protéger, de les nourrir et de les maintenir à l'écart du mal. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : l'emprise du mal sur tous ceux qui n'ont que la violence pour se défendre. Comment se protéger et survivre sans devenir à son tour un être mauvais et méprisable? Comment résister aux manoeuvres de Cole et de son acolyte,  Goodnight, le géant monstrueux et muet qui ne s'exprime que par l'écrit ? En se faisant son interprète malgré les avertissements de Cora, Sam met un doigt dans l'engrenage et devient forcément complice. Mais ce qu'il gagne permet aux petits de survivre. Et à Cora de poursuivre sa tâche. 

Benjamin Whitmer est de toute évidence un écrivain tourmenté que la question du Bien et du Mal taraude.




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