19 juillet 2021

Jonathan Coe, Billy Wilder et moi

 


 Avoir été et n'être plus. Ne pas être encore mais devenir peut-être. Voilà ce qui fait l'intrigue du dernier roman de Jonathan Coe. Car il ne s'agit pas d'une biographie, même romancée, de Billy Wilder. Pas plus qu'il ne s'agit des souvenirs nostalgiques d'une adolescente grecque désormais mère de famille. Bien qu'il y ait un peu des deux, puisqu'il s'agit de la rencontre hautement improbable (mais on est dans le domaine de la fiction où tout est toujours possible) de Calista (le moi du titre) et du cinéaste hollywoodien qui travaille à son avant-dernier film : Fedora.

Le récit est enlevé, souvent drôle, à la fois totalement fictif et parfaitement documenté dès qu'il s'agit de Billy Wilder. Avec un effet de mise en abyme assez réussi. 

Quand il se lance, avec difficulté, dans son nouveau projet, Wilder a déjà tourné une bonne vingtaine de films dont Sunset Boulevard qui comme Fedora raconte la vie d'une star déchue, une star que le monde est en train d'oublier. Or, depuis 1950, date de sortie de Sunset Boulevard, le cinéma tel que Wilder l'a connu, est sur le déclin; de nouveaux cinéastes ont pris la relève qui font paraître bien désuets ses précédents films. En 78, date de la sortie de Fedora, Calista, elle, n'en est qu'au début de sa vie, mais le récit qu'elle en fait est beaucoup plus tardif et d'une certaine façon elle est elle aussi sur la pente descendante, celle où l'on voit ses enfants devenus adultes quitter la maison. 

Quant à Jonathan Coe, qui lui ne semble pas être encore arrivé au bout du chemin et n'a rien d'une star sur le déclin,  il parvient à croiser ces différentes destinées avec toute la malice, l'humour et la fantaisie des films qui ont fait la gloire d'Hollywood et de Billy Wilder en particulier. Son roman en tout cas est un délice de cinéphile et je me plais à imaginer le film qui pourrait en être tiré. En attendant je file à la médiathèque emprunter quelques films de Billy Wilder. Le choix est grand !


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