Indes galantes est un documentaire de Philippe Béziat sur le montage d'un opéra qui montre comment les efforts réunis d'un metteur en scène, d'une chorégraphe et d'un chef d'orchestre ont fait d'un opéra baroque du XVIIIe siècle, une oeuvre parfaitement contemporaine.
Les danseurs choisis par Clément Cogitore et Bintou Dembele n'ont pas besoin de grimages pour suggérer leurs origines lointaines. Ils viennent effectivement d'un peu partout et leur peau est "naturellement" colorée. Ce sont surtout des danseurs exceptionnels rodées à toutes les danses hip-hop. Ils sont pleins de fougue et d'énergie; ils se donnent à fond et le film rend parfaitement cette vitalité mise au service de l'oeuvre. Une oeuvre réservée hélas aux spectateurs privilégiés de l'opéra Bastille ! Néanmoins, les quelques extraits extraits que montre le film de Philippe Béziat, laissent deviner ce qu'ont pu être les représentations vues dans leur intégralité.
Le film, lui, donne à voir la préparation du spectacle, le travail du metteur en scène, de la chorégraphe, du chef d'orchestre, des maquettistes, des costumières et bien entendu des danseurs ! Soit un an de travail dont on ne voit, malgré les 2h du film, que l'écume. Car des difficultés de tous ordres, il y en a certainement eu, mais le réalisateur ne les montre pas; il montre en revanche l'enthousiasme de ces artistes, conscients de faire bouger les codes de l'opéra et de faire oeuvre révolutionnaire, un enthousiasme qui semble balayer toutes les difficultés.
Et si ce passionnant documentaire a un sens, c'est bien de montrer qu'il n'y a pas d' incompatibilité entre des univers aussi différents que celui de l'opéra, summum de la culture bourgeoise, et celui du hip hop et de toutes ces danses nées dans la rue. Le film montre aussi ou du moins suggère que l'art n'a que faire des fractures sociales. Voilà pourquoi Indes galantes est un film profondément réjouissant. Esthétiquement, et politiquement.
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