27 août 2019

Roubaix, une lumière


Roubaix, une lumière est un film de Desplechin, qui pour une fois ne tourne pas autour des secrets de famille; c'est plutôt un film d'hommage à la ville de son enfance, un film sombre, souvent nocturne parce que Roubaix est une ville qui lutte pied à pied pour échapper au marasme économique et social mais avec 45% d'habitants au-dessous du seuil de pauvreté, ce n'est pas facile.

Les personnages du film vivent au mieux dans un système de débrouille et de petites arnaques,  mais le plus souvent en mode survie comme ces deux femmes qui vivent dans un taudis avec leurs deux chiens. Et lorsque leur vieille voisine est retrouvée morte, elles sont forcément suspectes.


L'enquête menée par le commissaire Daoud et Louis, un jeune flic qui prend son premier poste à Roubaix, est évidemment au centre du film: enquête préalable, interrogations de témoins, garde à vue le film tourne parfois au documentaire sur les méthodes de la police, présentée sous un jour particulièrement favorable. L'équipe sous les ordres de Faoud est laborieuse, rigoureuse, persistante, mais ne manque ni d'empathie, ni de bienveillance. On peut sans doute s'interroger sur les raisons qui ont poussé le réalisateur à présenter une police quasi idéale.

Mais plutôt que d'imaginer quelque possible sympathie politique, ce choix m'a paru finalement tout à fait judicieux pour le propos du film. Une garde à vue, un interrogatoire sont des moments de toute façon suffisamment violents pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en rajouter et la "retenue" des policiers contraint le spectateur à déplacer son regard vers la détresse des deux femmes. Roubaix, une lumière n'est pas un film d'action, c'est un film sur une réalité sociale dont nous détournons trop souvent le regard.

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