09 février 2022

Aristocrats

Deuxième film vu dans le cadre du festival Hanabi, Aristocrats s'est révélé nettement plus intéressant que Tempura bien que d'une certaine façon le point de départ soit le même : une jeune femme en âge de se marier qui n'a pas encore trouvé le bon prétendant. Mais la trajectoire sentimentale de la jeune femme, personnage principal du film,  importe moins que ce que dit le film sur la condition féminine au Japon et surtout sur l'abîme qui sépare les classes sociales. 

D'un côté une famille de l'élite tokyoïte, c'est à dire riche, éduquée, traditionaliste qui s'est toujours soucié d'avoir un héritier pour occuper un poste politique et ainsi perpétuer l'influence familiale. Continuer pour que rien ne change ! 

De l'autre côté, deux jeunes provinciales, nettement moins fortunée qui ont été contrainte de renoncer aux études pour travailler et se heurtent chaque jour aux préjugés et aux exigences de la vie japonaise sans rien perdre de leur envie de faire quelque chose de leur vie. Un "quelque chose" qui ne passe pas forcément par le mariage et la maternité. 

Posément, le film de Yukiko Sode met en place les personnages, les fait se croiser dans une ville dont la caméra souligne la modernité comme pour mieux marquer l'écart croissant entre la société japonaise accrochée à ses traditions et le monde qui ne cesse d'évoluer.  Le montage parallèle permet de montrer comment chacune des jeunes filles affronte la réalité, mesure les enjeux qui l'attendent et s'efforce vaille que vaille d'accéder à une certaine liberté. On s'aperçoit alors que les contraintes qui pèsent sur les jeunes filles pèsent tout autant sur l'héritier désigné, qui n'a lui aucune possibilité d'échapper au destin que sa famille lui a réservé.

Aristocrats permet ainsi au spectateur de découvrir les arcanes extrêmement complexes de la société japonaise sur lesquels la réalisatrice, derrière une apparente neutralité, porte un regard sans indulgence. Un regard qu'à notre tour nous pouvons porter sur notre propre société qui diffère moins que l'on croît de la société japonaise.



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