14 février 2022

Red Rocket

 Je me souvenais du précédent film de Sean Baker : The Florida project qui avait su traiter de façon ludique un sujet social grave. Et j'ai retrouvé dans Red Rocket le même mélange, la même capacité à divertir et à faire rire alors que le personnage de Mikey Saber est tout bonnement odieux. 

Star déchu du cinéma porno, Mikey Saber quitte Hollywood sans autre chose que ce qu'il a sur le dos et à la sortie du bus qui l'a ramené dans sa ville natale, c'est à pied qu'il arrive chez son ex, où, c'est le moins qu'on puisse dire, il n'est pas le bienvenu. Mais Mikey est beau parleur et finit par embobiner tout le monde, son ex, sa belle-mère, la serveuse du magasin de donuts à qui il promet une carrière dans le porno. En attendant il reprend les petits trafics qui lui permettent de faire illusion ... Plus "toxique" que Mikey, c'est difficile à imaginer et la réussite du film tient au fait que le spectateur, lui aussi se laisse "avoir" par ce personnage détestable, ce séducteur à la petite semaine, qui ne vit que de mensonges mais parvient à attirer les autres dans ses rets. Enfin presque...

Le film repose donc en grande partie sur le personnage de Mikey (superbement interprété par Simon Rex), mais ce que le réalisateur donne à voir de la petite ville du Texas et de ses habitants est tout aussi intéressant : un trou perdu sur fond de raffinerie de pétrole, où la plupart des gens ne vivent que de l'aide sociale, où le seul commerce fructueux est celui de la drogue. Un trafic mené de main de maître par ... une femme et sa fille !

Ce que montre Sean Baker du Texas (et de l'Amérique en général) est à peine caricatural,  mais surtout remarquablement bien observé, jusque dans les petits détails, comme ces monstrueux barbecues en arrière plan dans la 3e image ! Dans ce  film, et malgré la logorrhée du personnage principal, ce sont avant tout les images qui parlent.


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