16 avril 2022

David Joy, Nos vies en flammes

Le dernier roman de David Joy, Nos vies en flammes est plutôt un roman noir qu'un polar. Très noir ! Malgré les flammes qui illuminent la couverture celle des incendies qui pendant des mois ont ravagé les forêts des Appalaches.

Mais les incendies ne sont là que pour servir de toile de fond, et accessoirement de métaphore au roman : ils menacent l'intégrité de la nature comme la drogue menace l'intégrité de la population de Caroline du Nord. Depuis plus de vingt ans, les opioïdes, vendus sur ordonnance, ravagent une population qui s'est retrouvée sans perspective après la  fermeture des mines et des usines métallurgiques de la région. 

David Joy n'en est pas à son premier roman, et dans Nos vies en flammes comme dans les précédents, il n'élude rien quand il s'agit de parler d'addiction et de violence. Mais dans celui-ci on sent que la rage de Ray, le personnage principal,  dont le fils vient de mourir d'une overdose est aussi la sienne. Comme s'il avait franchi un cran dans la haine de ceux qui, par appât du gain, massacrent une jeunesse. Rien n'est donc épargné au lecteur, témoin malgré lui de l'overdose du jeune Ricky, que son père décide de venger en s'en prenant aux dealers qui ont fourni la drogue. Mais s'en prendre aux circuits proches est dérisoire, le trafic est beaucoup plus large et il faudrait pouvoir remonter plus haut, jusqu'aux vrais responsables, les entreprises pharmaceutiques aussi bien que les politiques. En attendant, l'Oxycontin continue de circuler et les flammes de brûler. 

En postface, David Joy a placé un article publié en 2020 dans la revue America, Ce texte, qui donne un éclairage plus personnel sur la crise des opioïdes, peut aussi bien être lu en préface car il permet de saisir plus rapidement les enjeux du roman.


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