Courir au clair de lune avec un chien volé était le titre du recueil de nouvelles publié par Callan Wink en 2017. Le titre anglais Dog Run Moon était à peine moins improbable, mais version française ou version américaine, dès cette première publication, la réputation du jeune auteur était assurée : un écrivain à suivre.
Il vient de publier son premier roman, au titre beaucoup plus sobre : August. August est tout simplement le nom de l'adolescent dont on suit avec intérêt la trajectoire depuis le Michigan jusque dans le Montana. Son quotidien est celui d'un garçon, dont les parents ne s'entendent plus, qui se réfugie avec son chien dans la nature quand il en a fini avec les tâches quotidiennes qui lui incombent sur la ferme laitière de son père. Il observe le monde autour de lui, n'ignore rien de ce qu'il s'y passe, observe plus qu'il n'intervient. Un adolescent réservé. Lorsque sa mère s'installe dans le Montana, il perd ses repères, peine à se faire des amis, mais découvre un région plus sauvage que celle du Michigan, une région plus à son image. Il travaille dans un ranch et on le voit dur à l'ouvrage, peu causant certes, mais on le voit aussi prendre peu à peu confiance dans ses capacités, sa résistance physique autant que mentale, sûr en fin de compte de ses valeurs et de ses choix.
Dans ce roman sans véritable intrigue, Callan Wink montre le passage d'un adolescent à l'âge adulte sans s'encombrer d'analyses psychologiques : il lui suffit de mettre en scène des comportements, de restituer des dialogues, de donner à voir sans jamais sombrer dans le pathos. Au lecteur de faire le reste du chemin pour s'approcher du personnage. Aux yeux d'un lecteur français, le récit peut paraître exotique, après tout on est dans le Montana, la terre de Jim Harrison, des ciels immenses et des grands espaces, des cowboys et des rodéos. Mais le travail d'un cowboy du Montana ce n'est jamais que celui d'un garçon de ferme, qui passe plus de temps à cogner sur des pieux pour consolider des barrières qu'à se soûler dans les bars. Ni effet de manche, ni effet d'écriture dans ce roman, mais une sobriété qui sied parfaitement au personnage.