Agréable café et espace de co-working à Grenoble.
31 janvier 2020
30 janvier 2020
L'aulne hirsute
Il n'est pas très beau, un peu hirsute et part dans tous les sens mais je l'aime bien parce qu'il est le premier à croire au printemps et à lancer ses bourgeons.
29 janvier 2020
Catherine Gucher, Et Qu'importe la révolution
Le roman de Catherine Gucher est celui d'une génération, celle des "baby-boomers" accusés présentement de tous les maux ou presque. Mais cette génération, c'était celle des "grands idéaux", la génération de celles et de ceux qui ont cru changer le monde parce qu'eux même avaient fait l'effort de changer, et qui ont souvent dû apprendre à renoncer. C'était aussi celle des enfants ballotés par l'histoire entre l'Espagne franquiste et l'Algérie livrée aux intégristes.
Catherine Gucher brasse tout cela dans son roman centré autour de Jeanne, installée depuis longtemps sur le plateau ardéchois, et partagée entre le souvenir de la révolution cubaine et celui de son grand amour inachevé. C'est plutôt bien vu et sonne assez juste. Le ton est alerte, le récit file à toute allure en petites phrases simples. Une touche de lyrisme parfois, pour voiler les intentions un peu trop démonstratives. La romancière s'attarde sur des lieux, précise des noms de rue - presque trop - pour mieux ancrer son roman dans le réel.
Pour ma part je serai curieuse de faire lire ce roman aux générations X, Y, Z qui n'ont pas les mêmes références historiques pour savoir ce qu'ils en pensent ....
28 janvier 2020
Séjour dans les monts Fuchun
Le film est un peu long, il est vrai. Mais il est difficile de résister à la beauté de certains paysages. En particulier quand ils sont aussi emblématiques de la Chine, puisque, comme dans la peinture traditionnelle ils associent montagne et eau ( 山水 ). La végétation luxuriante des bords du lac, les allées et venues des bateaux, les volées d'escaliers et les temples qui émergent de la végétation luxuriante, la lumière toujours changeante, tout donne envie de connaître cette région que Gu Xiaogang, le jeune réalisateur semble tant aimer. Bien que la modernité - et donc la ville - gagne peu à peu les rives du lac.
Or c'est justement cette dualité entre modernité et tradition que le films s'emploie à déchiffrer en mettant en scène quatre frères, réunis pour fêter l'anniversaire de leur mère. Quatre hommes dans le mitan de leur vie, et leurs familles. A chacun ses soucis, un fils handicapé, des dettes de jeu, un restaurant à faire marcher, une expropriation ... et toujours l'argent comme préoccupation, celui que l'on offre dans une enveloppe rouge, celui que l'on gagne, celui que l'on prête ou que l'on emprunte, celui que l'on rembourse ... ou ne rembourse pas. Pour la génération du milieu, qui doit prendre la génération précédente en charge et qui entend maintenir les us et coutumes dans lesquels ils ont été élevés, la vie est rude. Il n'en est pas de même pour la génération suivante qui entend vivre à sa façon et se soucie plus d'aimer que de faire "le bon mariage" qui lui assurera fortune et respectabilité.
Ces problématiques familiales ne sont pas exclusivement chinoises, c'est évident, mais il est évident aussi qu'elles sont exacerbées en Chine, tout simplement parce que depuis quelques décennies, la Chine avance à marche forcée vers la modernité. Cependant le réalisateur déjoue habilement le piège du didactisme en laissant le plus souvent les images parler d'elles-mêmes, comme dans cette scène ou le couple exproprié, assiste à la démolition de sa maison. Lorsque s'effondre le dernier pan de mur - un grand triangle gris et poussiéreux qui se dresse encore vers le ciel - la femme n'a qu'un bref commentaire : "3 jours pour détruire où nous avons vécu 30 ans ! "
27 janvier 2020
Albert Camus, La Peste
Si vous n'avez pas encore lu le grand roman de Camus, c'est le moment où jamais de vous lancer, et si vous l'avez déjà lu, c'est peut-être le moment de le relire. Avant que la réalité ne rattrape la fiction : pour éviter la propagation de l'épidémie de peste les autorités ont décidé de fermer la ville. Nul désormais ne peut ni entre ni sortir .... Est-il besoin d'en dire plus ?
26 janvier 2020
Typhoon
Dans la foulée de la conférence sur "le cinéma bis" et le Maudit festival, je suis allée voir Typhoon un vieux (1962) film de Pan Lei que la cinémathèque française avait inclus dans son cycle sur le cinéma de (mauvais) genre taiwanais. Et depuis je m'interroge sur ces catégories dans lesquelles sont rangés les film.
Typhoon est un film en noir et blanc, qui se passe dans une maison doublement isolée, au milieu d'une forêt et au sommet d'une montagne, où un jeune couple s'est installé. Huis clos dont la femme s'est lassée d'autant que le mari n'a d'intérêt que pour ses recherches. L'arrivée inopinée d'un homme traqué et d'une gamine qui s'est enfuie de chez elle constitue l'élément perturbateur. L'intrigue est faite pour jouer de toute la gamme des émotions qui atteindront leur paroxysme en même temps que le typhon qui menace depuis le début. Jolie montée parallèle de la météo et des sentiments !
Sans doute tout est-il un peu outré dans le film, les maquillages, le jeu des acteurs, la façon dont les personnages sont couplés (la sauvageonne / la femme fatale, le savant / le mauvais garçon), le dialogue très affuté mais aussi très attendu, mais cela ne suffit pas pour en faire un film complètement différent des films tournés en noir et blanc à la même époque. Et s'il n'a pas atteint le statut de film classique, cela n'est peut-être dû qu'au contexte historique ou à sa singularité dans une décennie qui en Chine accordait plus de place aux films d'action ou aux films de propagande.
Mais sans trop me prendre la tête sur cette question de genre, j'ai tout simplement apprécié le côté romanesque du film, loin de mon quotidien très ordinaire. Typhoon ? Du cinéma de divertissement, au sens propre du terme, qui pour une durée limitée nous détourne des grèves, manifestations et autres problématiques contemporaines. Mais pas de notre humanité parce que désir, passion, jalousie, tristesse, solitude sont des sentiments universels.
25 janvier 2020
Susie Morgenstern, Fleurs tardives
Susie ET Georges Rosenfeld ! parce que Fleurs tardives est un livre à deux voix : celle de Susie, que les enfants - et leurs parents - connaissent depuis toujours, à laquelle s'est ajoutée celle de Georges que Susie a rencontré par Internet. Une bien jolie rencontre et des amours qui donnent raison au bon vieux dicton "Mieux vaut tard que jamais" !
Fleurs tardives est un petit livre tonique et généreux qu'on lit d'une traite et que l'on quitte le sourire aux lèvres.
23 janvier 2020
Cinéma bis
Cinéma bis, c'était le titre de la conférence proposée hier soir dans le cadre du Maudit festival. Une conférence rondement et allègrement menée, qui a mis un peu de clarté dans la définition de ces films actuellement présentés, pour la plupart, à la cinémathèque de Grenoble. Il s'agit dans l'ensemble de films qui n'ont jamais été reconnus comme des chefs-d'oeuvres incontestables encensés par la critique ou le "grand" public, mais qui ont leur public ou plutôt "des publics" de fans, car ce que j'ai surtout retenu c'est l'extraordinaire diversités de ces films trop souvent regardés de haut.
En tout cas, pour qui aime le cinéma, c'est l'occasion ou jamais de sortir un peu de son cercle de confort et d'aller voir des films juste ... différents.
Trois aventures de Brooke
De bonnes intentions ne font pas nécessairement un bon film. Ceci dit, Trois aventures de Brooke ne tombe pas pour autant dans la catégorie des mauvais films. Mais c'est un film qui pêche par abus de références. Il y a en effet un peu de Resnais - celui de Smoking/No smoking ? - dans la façon de structurer le film autour d'un même épisode : une crevaison de pneu sur un chemin de campagne et trois possibilités d'intrigues selon la personne rencontrée par la jeune fille au vélo. La troisième "aventure" fait clairement référence à Rohmer avec le dialogue intimiste des deux personnages, elle chinoise, lui français et tous les deux parlant anglais, alors que le film se déroule en Malaisie !
Oui pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
Yuan Quing, la jeune réalisatrice a néanmoins un talent certain et une façon bien à elle de suivre les pérégrinations désordonnées des personnages. Mais si ce n'était pour le personnage de Brooke que l'on retrouve à chaque épisode, et qui donne au film son unité, on a plutôt l'impression de regarder trois courts-métrages successifs. A moins qu'il ne s'agisse de mettre en scène les trois âges de la vie ? Le temps du rêve et de l'imagination, le temps de l'action et pour finir le temps de la contemplation ?
Une interprétation qui me paraît un peu tirée par les cheveux quand même.
22 janvier 2020
Kaouther Adomi, Les petits de Décembre
J'avais bien aimé le précédent roman de Kaouther Adimi, Nos Richesses. Mais j'avoue avoir été un peu déçue par Les Petits de Décembre. L'histoire est pourtant bien trouvée puisqu'il s'agit de mettre face à face autour d'un terrain vague une poignée de gamins et deux généraux de l'armée algérienne placés très haut dans la hiérarchie.
Ceux-ci se sont déclarés propriétaires du terrain où les gamins jouent au foot depuis toujours. Une première confrontation entre adultes tourne mal. Du coup les gamins entrent en résistance, ramassent quelques affaires et montent un camp pour occuper le terrain. Une Zad tenue par des enfants ! Un petit Tian'anmen?
Voilà pour l'histoire, mais la démonstration l'emporte hélas sur l'émotion, parce que Kaouther Adimi entreprend d'expliquer comment fonctionne la société algérienne, entre corruption et abus de pouvoir. Comment la peur réduit à néant toute tentative d'opposition. Comment ceux qui ont lutté pour la décolonisation et la démocratie ont gagné le respect, mais pas grand chose d'autre. Certes, la romancière trouve parfois des accents lyrique pour parler des petits, des sans-grade, des sans pouvoir et le récit alors prend son envol... Trop courts moments ! Avec Les petits de Décembre, on apprend certes beaucoup de choses sur l'Algérie et les Algériens, mais d'un roman j'attends plus que du savoir.
21 janvier 2020
Swallow
Présenté en avant-première du Maudit festival, le film de Carlo Mirabella-Davis est bien un peu étrange mais pas tant que cela. Inquiétant aussi, mais pas tant que cela non plus. Malgré le trouble compulsif obsessionnel dont souffre la jeune femme au centre du film. En effet, depuis qu'elle est enceinte, Hunter ne cesse d'avaler n'importe quoi. Mais bien sûr ces pulsions irrépressibles ne sont que le symptôme d'un malaise beaucoup plus profond que le film dévoile peu à peu.
Le film peut sans doute être vu comme l'étude d'un cas qui relève de la psychiatrie : Hunter s'efforce d'être une maîtresse de maison parfaite, une épouse, parfaite, une future mère parfaite et n'y parvient pas.
Mais au delà de cette situation particulière, c'est l'ensemble des contraintes que la société impose aux jeunes femmes que le film dénonce habilement. Que le récit soit situé dans les années 50 permet au réalisateur de jouer avec une esthétique extrêmement marquée sans pour autant limiter la problématique à une époque particulière car le piège du conformisme dans lequel est tombé la jeune femme est un mal d'hier comme d'aujourd'hui : se conformer aux codes non écrits, aux attentes des uns et des autres, d'un mari odieux, de beaux-parents insupportables. Faire ce que l'on vous dit de faire, vivre comme on vous dit de vivre, et ce faisant, s'oublier soi-même, perdre son autonomie...
Swallow est un film bien plus féministe qu'il n'y paraît et si l'on souffre à chaque fois qu'Hunter avale un objet incongru, on comprend rapidement que l'expulsion sera encore plus difficile, mais indispensable. La fin du film laisse entrevoir une jeune femme débarrassée de tout ce qui l'encombrait, libre enfin de suivre ses propres désirs plutôt que de se conformer à ceux des autres. Une grande victoire pour le personnage et une belle réussite pour le jeune réalisateur dont il conviendra de suivre les prochains films.
20 janvier 2020
William Melvin Kelley, Un Autre tambour
Voici un écrivain américain qui, je ne sais pourquoi, est totalement sorti des radars depuis plus de 50 ans. Il a fallu le hasard et l'obstination d'une journaliste pour que son oeuvre soit redécouverte. C'est chose faite, même en France puisque les éditions Delcourt viennent de rééditer le roman que Kelley a publié en 1962 : Un autre tambour. Premier roman à 24 ans et déjà un coup de maître.
Dans un Etat du Sud des Etats-Unis, parfaitement géo-localisé, mais jamais nommé, la population noire soudain s'en va. Le premier à partir est Tucker Caliban, qui répand du sel sur ses champs, abat ses animaux, brûle sa ferme et quitte la ville. Définitivement. Dans les jours qui suivent, l'exode est général. En charrette, en bus ou à pied, tous ils partent. Et la population blanche, comme le lecteur s'interroge.
Un autre tambour est un superbe roman polyphonique, puisque l'auteur donne tour à tour la parole à chacun des témoins "blancs" de cet exode massif. Les Noirs quittent la ville sans rien dire. Ce sont donc les Blancs qui essayent de trouver une explication à quelque chose qu'ils ne comprennent pas, ce sont eux qui par leurs propos, leurs comportements, donnent du sens à ce qui, vu de l'extérieur, n'en a pas. En multipliant les points de vue (autant de personnages, autant de chapitres), William Melvin Kelley parvient à rendre compte des mentalités sans tomber dans la caricature parce que chacun, dans la vie comme dans ce roman, réagit en fonction de sa propre expérience, de son propre empan de vie. Le défi pour le romancier noir est d'arriver à penser comme ses personnages blancs. Et paradoxalement, ce sont ces réflexions "blanches" qui permettent au lecteur de mieux comprendre, s'il est possible, le vécu, le ressenti de la ségrégation.
William Melvin Kelley a placé en exergue de son roman une phrase de H.D. Thoreau, chantre de la désobéissance civile : " Quand un homme ne marche pas du même pas que ses compagnons, c'est peut-être parce qu'il entend battre un autre tambour. Qu'il accorde donc ses pas à la musique qu'il entend, quelle qu'en soit la mesure de l'éloignement. " Mais c'est moins à Thoreau que j'ai pensé en lisant le livre, qu'à Ernest Gaines qui 20 ans plus tard, en 1983, publiera Colère en Louisiane
En tout cas, maintenant que William Melvin Kelley a été re-découvert, il ne reste plus qu'à attendre que les Editions Delcourt publient d'autres titres. A moins de se les procurer en anglais...
L'article du New-Yorker
https://www.newyorker.com/magazine/2018/01/29/the-lost-giant-of-american-literature
L'article du Monde
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/20/un-autre-tambour-comment-l-ecrivain-afro-americain-william-kelley-sort-de-l-indifference_6016218_3260.html
19 janvier 2020
Seules les bêtes
Le film de Dominik Moll propose une intrigue joliment nouée bien qu'au départ on se demande ce que vient faire cette première séquence, tournée à Abidjan, avec celles qui vont suivre, tournées sur les Causses enneigées? Mais il faut attendre que tournent les personnages pour peu à peu s'apercevoir que tous, d'une façon ou d'une autre, sont impliqués dans la disparition d'une femme, puisque tel est le point de départ : une femme a disparu alors qu'une tempête de neige sévissait sur le plateau.
Dominik Moll dans ce film parvient à mettre en scène deux milieux radicalement différents, celui des adolescents de la Côte d'Ivoire qui comptent sur le hacking pour faire fortune, et celui des paysans, durs à la tache, mais totalement dépassés par la vitesse avec laquelle le monde évolue. Seules les bêtes peut sans doute être considéré comme un thriller mais un thriller à la fois psychologique et sociologique. C'est habile, distrayant et le film conduit inévitablement le spectateur à s'interroger sur l'état du monde.
18 janvier 2020
Juan Marsé, Boulevard du Guinardó
Voilà un bien petit livre (120 pages), mais qui n'est pas sans intérêt. Bien qu'il ne s'y passe objectivement pas grand chose d'important : ni suspense, ni intrigue à rebondissement, mais plutôt la chronique d'une journée presque ordinaire dans la vie de deux personnages qui n'ont a priori pas grand chose à commun.
Un flic fatigué, au bord du suicide, vient chercher une gamine orpheline pour l'emmener identifier à la morgue, l'homme qui l'a violée deux ans auparavant. Le sujet n'est pas franchement attirant j'en conviens, mais il faut ajouter que l'histoire se passe à Barcelone, le 8 Mai 1945. C'est la fin de la guerre - mais pas celle du franquisme! Pas non plus la fin des années de misère et de soupçon. Le tout sous la chape pesante de la religion.
Tout l'art de Juan Marsé tient dans sa capacité à recréer l'atmosphère poisseuse qui a sans doute été celle de Barcelone à ce moment là : un homme d'un certain âge, las, revenu de tout sauf d'un certain sens du devoir et de la morale, qui semble lâcher prise devant cette gamine présentée au départ comme une victime mais qui se révèle au final bien plus délurée qu'elle n'en a l'air et s'accommode sans trop de difficulté des aléas de l'existence. En mettant en scène ces deux personnages le romancier semble vouloir confronter deux moments de l'histoire espagnole ; un passé que l'on préfère oublier et un futur qui manque singulièrement d'attrait. Un passé sombre et brutal, un futur où l'argent tient lieu de morale. Le livre de Juan Marsé est au fond encore plus désespéré qu'il n'en avait l'air.
Un flic fatigué, au bord du suicide, vient chercher une gamine orpheline pour l'emmener identifier à la morgue, l'homme qui l'a violée deux ans auparavant. Le sujet n'est pas franchement attirant j'en conviens, mais il faut ajouter que l'histoire se passe à Barcelone, le 8 Mai 1945. C'est la fin de la guerre - mais pas celle du franquisme! Pas non plus la fin des années de misère et de soupçon. Le tout sous la chape pesante de la religion.
17 janvier 2020
Hélène Frappat, Le Dernier fleuve
Voici un livre qui dès les premières pages entraîne le lecteur dans un univers largement onirique autant que parfaitement réaliste. Il est vrai que les deux termes ne sont pas forcément contradictoires car si l'impression laissée par les rêves est souvent floue, aléatoire, certains détails s'inscrustent dans la mémoire de façon très précise.
Le
personnage principal du livre d'Hélène Frappat est incontestablement le
fleuve, que chacun peut imaginer à son gré, ample comme le Mississippi,
paisible comme la Loire ou menaçant comme le Scamandre ...
Sur ses rives sont arrivés, venant d'on ne sait où, pour aller on ne sait où, deux enfants. "Depuis des jours, Mo portait son petit frère sur son dos." Ils
se sont réfugiés dans une maison en ruine et ce n'est qu'au matin
qu'ils découvriront le fleuve, et, au fil des jours, et des saisons, les
êtres mystérieux qui comme eux ont fait halte au bord du fleuve. Pour
un temps indéterminé. Commencent alors les découvertes, les rencontres,
certaines dangereuses, d'autres salvatrices.
En jouant sur les deux tableaux, celui de l'imaginaire et du réalisme le livre procure une grande impression de liberté, dans la narration, mais aussi dans le comportement des personnages qui vivent sans contraintes, sur le mode "école buissonnière". Ce qui n'est pas incompatible, loin de là avec l'apprentissage de le vie, de la maladie ou de la mort.
16 janvier 2020
Le Miracle du Saint Inconnu
Mon goût pour les "petits" film zarbi ne se dément pas, et avec le premier long métrage d'Alaa Eddine Aljem je suis servie.
Le Miracle du Saint Inconnu est un film de débutant : peu de moyens, une direction d'acteurs un peu hésitante, des figurants très ... figurants. Mais l'histoire est aussi drôle que vraisemblable puisqu'elle se fonde sur l'infinie crédulité des gens toujours portés à interpréter le moindre événement qui sort de l'ordinaire comme un signe divin.
Amine est un voyou qui poursuivi par la police enterre son butin au sommet d'une colline. Quelques pierres pour pouvoir reconnaître l'endroit, et le voilà rattrapé. 7 ans plus tard, sorti de prison, il compte bien récupérer son butin, mais l'endroit est devenu un lieu de pélerinage et s'il est facile d'enfoncer une porte, foi et superstitions sont des barrières bien plus difficiles à franchir.
Le film est assez drôle pour qu'on puisse le prendre au premier degré, une farce apparemment gentille, mais une farce avec un goût d'amertume quand le réalisateur en profite pour montrer le travail du médecin fraîchement arrivé dans le bled ou le paysan qui s'acharne à cultiver un terrain où ne poussent que les cailloux.
Un petit film iconoclaste qui ne fera pas la une des journaux et c'est bien dommage. Mais j'attends déjà le prochain film d'Alaa Eddine Aljem.
15 janvier 2020
Les Siffleurs
Joli polar roumain, qui embrouille suffisamment les pistes pour que l'on se torture la cervelle pendant toute la durée du film. Visage impassible, Cristi, inspecteur de police, est-il une taupe incrustée chez les trafiquants de drogue ou un truand qui profite de son statut de flic pour aider ses comparses ? Amis ? Ennemis ? De toute façon tout le monde est sur écoute et il est bien possible que les flics soient encore plus corrompus que les truands ! Deux femmes dans ce monde d'hommes, une de chaque côté. La brune et la blonde. Visages hiératiques, illisibles. Mais corps sculptural pour Gilda, la séductrice.
Le rythme du film est relativement lent pour un polar, mais la précipitation ne sert à rien puisque Cristi doit d'abord apprendre la langue sifflée qui lui permettra d'intervenir au moment de l'action. Toute précipitation serait inutile. Car ce qui intéresse Corneliu Porumboiu, le réalisateur c'est moins le coup lui-même que le montage du coup : l'avant et ... l'après. Ce qui contraint le spectateur à scruter à chaque moment l'image pour vérifier ses hypothèses. J'aime bien.
Le rythme du film est relativement lent pour un polar, mais la précipitation ne sert à rien puisque Cristi doit d'abord apprendre la langue sifflée qui lui permettra d'intervenir au moment de l'action. Toute précipitation serait inutile. Car ce qui intéresse Corneliu Porumboiu, le réalisateur c'est moins le coup lui-même que le montage du coup : l'avant et ... l'après. Ce qui contraint le spectateur à scruter à chaque moment l'image pour vérifier ses hypothèses. J'aime bien.
14 janvier 2020
Un petit bateau pistache
Bien à l'abri derrière la jetée.
De l'autre côté du mur, les vagues s'en donnaient à coeur joie. Certaines essayaient même de passer par-dessus sans impressionner le moins du monde l'impassible petit bateau pistache. C'était fin décembre, à Carqueiranne, petit port tranquille sur la Méditerrannée.
13 janvier 2020
Stéphane Malandrin, Le Mangeur de livres
Le Mangeur de livres est incontestablement un livre brillant et son titre fonctionne parfaitement auprès des lecteurs voraces. Je l'ai lu avec plaisir, dévoré même et suis restée admirative devant l'exercice. Car il s'agit avant tout d'un exercice de style, d'un jeu d'écriture par un stylisticien habile, un fin connaisseur de Rabelais. Bien que Le Mangeur de livres fasse aussi penser au travail de Patrick Süskind sur Le Parfum... Mais peu importent les références.
Stéphane Malandrin choisit Lisbonne et l'année 1488 pour y placer deux garnements Adar Cardoso et Faustino da Silva, "nés le même jour mais pas de la même mère", deux miséreux qui ne pensent qu'à chaparder et à s'empiffrer. A la suite d'une malencontreuse péripétie, Adar se voit contraint d'avaler, morceaux par morceau les pages d'un vieux codex. Et ne peut désormais plus se nourrir que de ces ouvrages écrits à la main qu'il déniche dans les églises, les couvents, les bibliothèques.
Le roman de Stéphane Malendrin, entre roman picaresque et farce surréaliste, réussit parfaitement à entraîner son lecteur dans les rues de Lisbonne, à évoquer le monde livresque d'avant l'invention de l'imprimerie. C'est souvent drôle, passablement érudit; le pastiche rabelaisien, mâtiné de Swift est franchement réussi. Mais au final si j'ai admiré le savoir-faire et les acrobaties stylistiques, j'avoue avoir parfois abrégé quelques envolées lexicales. Et suis restée éblouie, mais ni touchée, ni émue.
12 janvier 2020
Brooklyn affairs
Choisir une photo pour illustrer un billet, c'est déjà choisir un point de vue, et donc orienter le commentaire.
Si je choisis de montrer Edward Norton (réalisateur et rôle principal du film) et Gugu Mbatha-Raw, sur fond de "brownstones ", on en conclut facilement qu'il s'agit d'une histoire d'amour qui se passe à Brooklyn dans les années 50. Ce qui n'est pas faux !
Mais si je choisis de mettre le même Edward Norton face à Alec Baldwin, si la silhouette du pont de Brooklyn derrière la fenêtre confirme bien le lieu, la maquette m'indique clairement qu'il s'agit d'une affaire immobilière et vraisemblablement d'une relation de pouvoir entre un jeune policier tenace et obstiné - atteint du syndrome de Tourette il est vrai, mais cela, ça ne se voit pas - et un homme d'affaire puissant.
C'est à ce moment que le film devient - à mes yeux - tout à fait passionnant. Parce qu'Alec Baldwin est l'acteur qui sur Saturday Night Live imite qui vous savez. D'ailleurs dans le film, plusieurs réplique sont explicitement calquées sur les propos du magnat de l'immobilier que l'argent intéresse, mais moins que le pouvoir que cela lui donne. Moses Randolph, le magnat du film est à cet égard aussi effrayant que l'originel.
Le roman qui a inspiré le film est sorti aux E-U en 1999; les allusions s'il y en avait, ne pouvaient viser l'actuel président des E-U. C'est donc bien un parti-pris du film que je trouve certes réjouissant - on se console comme on peut - mais inefficace hélas.
Si je choisis de montrer Edward Norton (réalisateur et rôle principal du film) et Gugu Mbatha-Raw, sur fond de "brownstones ", on en conclut facilement qu'il s'agit d'une histoire d'amour qui se passe à Brooklyn dans les années 50. Ce qui n'est pas faux !
Mais si je choisis de mettre le même Edward Norton face à Alec Baldwin, si la silhouette du pont de Brooklyn derrière la fenêtre confirme bien le lieu, la maquette m'indique clairement qu'il s'agit d'une affaire immobilière et vraisemblablement d'une relation de pouvoir entre un jeune policier tenace et obstiné - atteint du syndrome de Tourette il est vrai, mais cela, ça ne se voit pas - et un homme d'affaire puissant.
C'est à ce moment que le film devient - à mes yeux - tout à fait passionnant. Parce qu'Alec Baldwin est l'acteur qui sur Saturday Night Live imite qui vous savez. D'ailleurs dans le film, plusieurs réplique sont explicitement calquées sur les propos du magnat de l'immobilier que l'argent intéresse, mais moins que le pouvoir que cela lui donne. Moses Randolph, le magnat du film est à cet égard aussi effrayant que l'originel.
Le roman qui a inspiré le film est sorti aux E-U en 1999; les allusions s'il y en avait, ne pouvaient viser l'actuel président des E-U. C'est donc bien un parti-pris du film que je trouve certes réjouissant - on se console comme on peut - mais inefficace hélas.
11 janvier 2020
W.R. Burnett, Terreur Apache
Au début, c'est plutôt bizarre, parce qu'on est plus habitué à regarder des westerns qu'à les lire. Mais l'écriture de Burnett est suffisamment visuelle pour que, passées les premières pages, on s'intéresse aux personnages autant qu'aux paysages dans lesquels ils se meuvent et aux conditions de vie qui étaient celles de de l'Ouest américain à la fin du XIXe siècle.
Bien qu'il en ait changé les noms, Burnett s'est inspiré de personnages réels ce qui donne au roman sa touche d'authenticité. Walter Grein, fin connaisseur du monde indien et ses compagnons sont des durs à cuire, appelés à la rescousse par un colonel de l'armée américaine pour retrouver le chef Apache Toriano; en effet, pour asseoir son pouvoir, celui-ci sème la terreur dans le Sud de l'Arizona.
J'ai trouvé dans ce roman l'atmosphère des westerns dont je suis fan, clichés compris, mais aussi quelque chose de juste sur cette épopée invraisemblable qu'a été la conquête de l'Ouest. Que le gouvernement américain ait procédé à une extermination systématique des peuples natifs de la région, c'est un fait historique que l'on ne peut nier et que l'écrivain retrace, sans en nier la cruauté. Ainsi le roman, mieux qu'un film me semble-t-il met en pleine lumière les préjugés sur lesquels s'est fondée cette prétendue "pacification". Préjugés qui lorsque le roman a été publié en 1953 étaient vraisemblablement encore largement partagés par l'ensemble des lecteurs.... Aurjoud'hui encore ? Je m'interroge ...
10 janvier 2020
L'Adieu
L'Adieu est un film étrange parce c'est un film joyeux et plein de vie alors qu'il parle de la maladie et de la mort. L'histoire en effet se prête bien aux quiproquos : la famille de Nai Nai, la grand mère bien aimée, organise un faux mariage pour se retrouver une dernière fois autour d'elle, alors qu'elle est atteinte d'un cancer en phase terminale, mais ne le sait pas.
Dès le départ le film tourne autour de la grande question : faut-il prévenir de leur état ceux qui n'ont que quelques semaines ou quelques mois à vivre ? L'Asie et l'Occident apparemment diffèrent sur ce point. Si nous privilégions le plus souvent la vérité et "la pleine conscience", la Chine semble préférer le "bon"mensonge. D'où l'idée de ce mariage bidon qui permettra à ceux qui ont quitté la Chine d'y revenir pour entourer la vieille dame de leur affection et, à l'occasion constater tout ce qui a changé - la Chine d'aujourd'hui n'a pas grand chose à voir avec celle d'hier, c'est évident - mais aussi tout ce qui sépare la culture chinoise de la culture américaine, celle dans laquelle a baigné depuis son enfance Billi.
Billi, la jeune fille très émotive qui n'a pas appris à cacher ses sentiments, se retrouve, ainsi perdue entre deux cultures, deux langues, deux façon d'exister. Et c'est finalement ce sentiment de n'appartenir à aucun des deux mondes auxquels elle est pourtant liée, qui finit par prendre le dessus sur les inquiétudes à propos de la santé de Nai Nai dont la vivacité (et la malice !) contribuent pour beaucoup au charme du film.
La réalisatrice, Lulu Wang est elle-même d'origine chinoise bien qu'américaine et il est évident que l'histoire de ces personnages est d'abord la sienne. Mais elle a su lui donner suffisamment d'ampleur pour en faire une histoire universelle.
09 janvier 2020
Milou en Mai
Manifestations, grève générale.... Du présent au passé, les situations se ressemblent-elles ?
C'est bien sûr la situation actuelle qui m'a donné envie de revoir Milou en Mai. Dans ce film sorti en 1989, Louis Malle évoque, avec un recul de 20 ans ce qu'a été le mois de Mai 68 dans une famille bourgeoise de province, qui après la mort de la mère, se réunit pour se partager l'héritage. Loin des sarcasmes de Chabrol, Louis Malle s'amuse de la situation, compliquée bien sûr par les grèves.
Evoquer avec justesse Mai 68 est toujours très difficile parce que chacun a vécu les événements en fonction de l'endroit où il se trouvait : en province ou à Paris, à l'université ou à l'usine, en famille ou célibataire...
Louis Malle a décidé d'en faire un moment festif et de ne retenir de cette période que l'exaltation de certains et la grande peu des autres. Le mélange vie privée, vie politique est assez bien vu. La diversité des personnages reflète la prégnance des préoccupations particulières qui, malgré les apparences, l'emportaient pour beaucoup, sur les engagements collectifs.
Le film est au fond assez réjouissant parce que ludique, certains diront superficiel. Et bien tant pis : gens sérieux s'abstenir. Pour ma part j'aime bien les films légers qui, mine de rien, sèment leurs graines de vérité. Oui, il reste bien quelques chose de l'esprit libertaire de 68 dans le film de Louis Malle.
08 janvier 2020
Les Quatre filles du Docteur March
Contrairement à bien des femmes de ma génération, je n'avais jamais lu le livre de Louisa May Alcott. Un a priori sans doute, à l'idée de ses quatre filles en quête d'un mari. C'est en tout cas l'idée que je me faisais du livre.
Le film m'a donné l'occasion de combler une lacune et surtout de voir ces quatre jeunes filles sous un autre jour : robes à crinolines et tralala, elles sont effectivement élevées comme des jeunes filles de la petite bourgeoisie : musique, peinture, travaux d'aiguille en attendant le prince charmant. Pas assez riches en tout cas pour se passer de mariage, comme le rappelle la vieille tante acariâtre.
Sans renoncer au romantisme, Greta Gerwig, la réalisatrice met joliment en scène la condition féminine au XIXe siècle. Quelques dialogues bien sentis rappellent que la femme, par le mariage ne faisait que changer de propriétaire, totalement dépendante de l'homme, père ou mari, qui lui permettrait de vivre décemment puisqu'elle ne pouvait par elle-même subvenir à ses propres besoins.
Je ne sais si telle était bien l'intention de May Louisa Alcott, mais ce n'est pas impossible puisqu'elle faisait partie du cercle des intellectuels de Concord (Massachusset) aux côtés de Thoreau et Emerson. Le film en tout cas a le mérite de rappeler aux adolescentes d'aujourd'hui que l'autonomie financière est la vraie clef de leur indépendance. Comme le montre clairement la scène où Jo négocie âprement avec son éditeur, ses droits d'auteur.
07 janvier 2020
Talking about trees
On n'a pas souvent l'occasion de voir un film soudanais, qui est aussi français, allemand, tchadien et qatarien certes, mais se passe au Soudan. Alors c'était l'occasion où jamais. Et je n'ai pas regretté mon choix.
Talking about trees n'est pas un film de fiction, c'est un documentaire, qui par moment ressemble quand même pas mal à un film de fiction, tellement l'entreprise de ces quatre cinéastes est improbable. D'ailleurs malgré son titre le film ne parle pas d'arbre, mais bien de cinéma, le vrai, celui qui se regarde en salle. Car le grand projet d' Ibrahim, Suleiman, Manar et Altayeb est de récupérer une salle de cinéma laissée à l'abandon, de la restaurer et d'y projeter à nouveau des films, le tout sans argent et en tenant compte de la censure !
Le film de Suhaib Gasmelbari relève du même esprit aventureux et j'ajouterai même héroïque car on imagine les difficultés matérielles, administratives et politiques auxquelles son réalisateur s'est lui aussi heurté. Mais l'humour sort de bien des impasses et la bonne humeur quasi inaltérable de ces quatre bonshommes, leur amitié donnent au film tout son allant. Jamais ils ne se découragent, toujours, ils inventent, ils rêvent, ils trouvent des solutionst Et si au bout du compte ils n'ont pas réussi à réhabiliter le vieux cinéma, Suhaib Gasmelbari lui, a réussi son film.
05 janvier 2020
La vérité
On se dit qu'un film réalisé par Kore Eda avec Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ludivine Sagnier, Ethan Hawk et quelques autres ne peut être tout à fait mauvais. Effectivement il ne l'est pas. Mais il n'est pas passionnant non plus. Parce que les affres d'une star vieillissante, à l'ego surdimensionné et les relations houleuses entre une mère et sa fille... paraissent bien convenues. Le sujet n'est pas nouveau et le doubler par un procédé éculé tel que le film dans le film ne luis apporte pas grand chose si ce n'est un peu plus de confusion.
Pourtant le cinéaste n'a pas beaucoup dévié de ses thèmes habituels ni de sa façon de faire, par petites touches impressionnistes. Le décalage entre ses précédents films et celui-ci vient peut-être seulement du changement de lieu. Quand il filme une histoire japonaise, on a l'impression d'apprendre quelque chose sur la façon de vivre des Japonais, sur la façon dont ils conçoivent les liens familiaux, les liens entres les individus. Quand il filme une histoire française, qui plus est, située dans le milieu du cinéma, on a l'impression de ne rien apprendre. En tout cas rien de plus que ce que l'on trouve dans les magazines "people". Dommage.
04 janvier 2020
03 janvier 2020
Kevin Powers, L'Echo du temps
Après Yellow Birds, paru en 2013, j'attendais beaucoup du nouveau roman de Kevin Powers et je reconnais que c'est un roman extrêmement ambitieux, mais qui m'a laissée un peu perplexe.
Ce n'était peut-être pas le bon moment, ou pas la bonne traduction.... un manque de fluidité dans la rédaction dont je ne sais s'il est imputable à l'auteur ou à la traductrice. Un texte insuffisamment relu en tout cas.
Pourtant le projet, tel que je l'ai compris était intéressant car il s'agissait moins de monter une intrigue pour faire vivre des personnages que d'utiliser ces personnages pour faire un portrait de l'Amérique, d'une certaine Amérique. L'idée brillante était de prendre un empan temporel large (depuis la guerre civile jusqu'à la deuxième moitié du XXe siècle), mais un espace restreint (les alentours de Richmond en Virginie, et de mettre en scène une multitude de personnages représentatifs de la société d'alors et d'aujourd'hui : planteurs à l'ancienne, esclaves libérés, capitalistes avides (un pléonasme ?), malandrins et pauvres gueux. De quoi composer en effet une jolie fresque sudiste.
Mais à force d'alterner les époques et les personnages, l'auteur entraîne son lecteur dans un tournis épuisant : difficile de garder en mémoire chacun des lieux, chacun des personnages, chacun des épisodes. Sans doute en cette fin d'année n'ai je pas prêté une attention suffisante à ce roman particulièrement exigeant. Et j'ai un peu de mal à partager l'enthousiasme de certains lecteurs.
"Il y a des livres exigeants, qui nécessitent une totale attention, qui te font parfois douter de là où ils veulent t'emmener, qui t'envoient même, fugacement, la tentation d'abandonner, mais qui ne se révèlent pleinement qu'à la fin de leur lecture, te procurant la satisfaction d'avoir lu un grand livre. L'Echo du temps de Kevin Powers-traduit par Carole D'Yvoire est de ceux-là.
https://www.babelio.com/livres/Powers-Lecho-du-temps/1166746
01 janvier 2020
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