21 janvier 2020

Swallow


Présenté en avant-première du Maudit festival, le film de Carlo Mirabella-Davis est bien un peu étrange mais pas tant que cela. Inquiétant aussi, mais pas tant que cela non plus.  Malgré le trouble compulsif obsessionnel dont souffre la jeune femme au centre du film. En effet, depuis qu'elle est enceinte, Hunter ne cesse d'avaler n'importe quoi. Mais bien sûr ces pulsions irrépressibles ne sont que le symptôme d'un malaise beaucoup plus profond que le film dévoile peu à peu.


Le film peut sans doute être vu comme l'étude d'un cas qui relève de la psychiatrie : Hunter s'efforce d'être une maîtresse de maison parfaite, une épouse, parfaite,  une future mère parfaite et n'y parvient pas.
Mais au delà de cette situation particulière, c'est l'ensemble des contraintes que la société impose aux jeunes femmes que le film dénonce habilement. Que le récit soit situé dans les années 50 permet au réalisateur de jouer avec une esthétique extrêmement marquée sans pour autant limiter la problématique à une époque particulière car le piège du conformisme dans lequel est tombé la jeune femme est un mal d'hier comme d'aujourd'hui : se conformer aux codes non écrits, aux attentes des uns et des autres, d'un mari odieux, de beaux-parents insupportables. Faire ce que l'on vous dit de faire, vivre comme on vous dit de vivre, et ce faisant, s'oublier soi-même, perdre son autonomie...

Swallow est un film bien plus féministe qu'il n'y paraît et si l'on souffre à chaque fois qu'Hunter avale un objet incongru, on comprend rapidement que l'expulsion sera encore plus difficile, mais indispensable. La fin du film laisse entrevoir une jeune femme débarrassée de tout ce qui l'encombrait, libre enfin de suivre ses propres désirs plutôt que de se conformer à ceux des autres. Une grande victoire pour le personnage et une belle réussite pour le jeune réalisateur dont il conviendra de suivre les prochains films.


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