28 janvier 2020

Séjour dans les monts Fuchun


Le film est un peu long, il est vrai. Mais il est difficile de résister à la beauté de certains paysages. En particulier quand ils sont aussi emblématiques de la Chine, puisque, comme dans la peinture traditionnelle ils associent montagne et eau ( 山水 ). La végétation luxuriante des bords du lac, les allées et venues des bateaux, les volées d'escaliers et les temples qui émergent de la végétation luxuriante,  la lumière toujours changeante, tout donne envie de connaître cette région que Gu Xiaogang, le jeune réalisateur semble tant aimer. Bien que la modernité - et donc la ville - gagne peu à peu les rives du lac.


Or c'est justement cette dualité entre modernité et tradition que le films s'emploie à déchiffrer en mettant en scène quatre frères, réunis pour fêter l'anniversaire de leur mère. Quatre hommes dans le mitan de leur vie, et leurs familles. A chacun ses soucis, un fils handicapé, des dettes de jeu, un restaurant à faire marcher, une expropriation ... et toujours l'argent comme préoccupation, celui que l'on offre dans une enveloppe rouge, celui que l'on gagne, celui que l'on prête ou que l'on emprunte, celui que l'on rembourse ... ou ne rembourse pas. Pour la génération du milieu, qui doit prendre la génération précédente en charge et qui entend maintenir les us et coutumes dans lesquels ils ont été élevés, la vie est rude. Il n'en est pas de même pour la génération suivante qui entend vivre à sa façon et se soucie plus d'aimer que de faire "le bon mariage" qui lui assurera fortune et respectabilité.

Ces problématiques familiales ne sont pas exclusivement chinoises, c'est évident, mais il est évident aussi qu'elles sont exacerbées en Chine, tout simplement parce que depuis quelques décennies, la Chine avance à marche forcée vers la modernité. Cependant le réalisateur déjoue habilement le piège du didactisme en laissant le plus souvent les images parler d'elles-mêmes, comme dans cette scène ou le couple exproprié, assiste à la démolition de sa maison. Lorsque s'effondre le dernier pan de mur -  un grand triangle gris et poussiéreux qui se dresse encore vers le ciel - la femme n'a qu'un bref commentaire :  "3 jours pour détruire où nous avons vécu 30 ans ! "

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