17 janvier 2020

Hélène Frappat, Le Dernier fleuve


Voici un livre qui dès les premières pages entraîne le lecteur dans un univers largement onirique autant que parfaitement réaliste. Il est vrai que les deux termes ne sont pas forcément contradictoires car si l'impression laissée par les rêves est souvent floue, aléatoire, certains détails s'inscrustent dans la mémoire de façon très précise.


Le personnage principal du livre d'Hélène Frappat est incontestablement le fleuve, que chacun peut imaginer à son gré, ample comme le Mississippi, paisible comme la Loire ou menaçant comme le Scamandre ...
Sur ses rives sont arrivés, venant d'on ne sait où, pour aller on ne sait où, deux enfants. "Depuis des jours, Mo portait son petit frère sur son dos." Ils se sont réfugiés dans une maison en ruine et ce n'est qu'au matin qu'ils découvriront le fleuve, et, au fil des jours, et des saisons, les êtres mystérieux qui comme eux ont fait halte au bord du fleuve. Pour un temps indéterminé. Commencent alors les découvertes, les rencontres, certaines dangereuses, d'autres salvatrices. 

J'ai aimé la façon dont la romancière fait vivre ses personnages, sortis d'un imaginaire vaguement enfantin au milieu d'un univers d'eau, d'herbes et de forêts conçues comme autant d'être vivants, toujours changeants, parfois menacés comme les arbres où habite la vieille femme, ou terrifiants comme les falaises qui teintent de rouge l'eau du fleuve, ou simplement ludiques comme la cascade à travers laquelle passent les enfants.

En jouant sur les deux tableaux, celui de l'imaginaire et du réalisme le livre procure une grande impression de liberté, dans la narration, mais aussi dans le comportement des personnages qui vivent sans contraintes, sur le mode "école buissonnière".  Ce qui n'est pas incompatible, loin de là avec l'apprentissage de le vie, de la maladie ou de la mort.

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