Mauvaise nouvelle que cette disparition du Petit Bulletin, phare de la culture grenobloise depuis 30 ans, que l'on croyait insubmersible tout simplement parce qu'on l'avait vu apparaître, une petite page de rien du tout, en noir et blanc, avec juste les programmes de cinéma, mais le programme de toutes les salles de cinéma, très nombreuses à l'époque. Dès le début, ce regroupement des informations culturelles a constitué le fil conducteur de la publication, passée rapidement à une double page, puis quatre puis .... les pages se sont multipliées parce qu'il ne s'agissait plus seulement de cinéma, mais il fallait parler de toutes les offres culturelles, cinémas, théâtres, concerts, expositions ... Il y avait les "grandes institutions" à commencer par la "Macu", mais surtout toutes les petites instances culturelles, souvent les plus dynamiques, les plus difficiles à dénicher aussi pour le cultureux lambda. Alors le mercredi on attendait avec impatience que le Petit Bulletin soit déposé dans ses paniers, à la bibliothèque ou à la boulangerie, et muni d'un stabilo, on cochait les sorties qu'on avait envie de faire, les spectacles qu'on avait envie de voir, les groupes musicaux qu'on avait envie d'écouter.... il y en avait beaucoup, souvent trop, mais on était content de cette effervescence culturelle. D'autant que le Petit bulletin ne jouait pas la carte de la promo, mais celle de l'information et de la critique. Précise irrévérencieuse, stimulante.
Hélas, hélas ! Diriger un organe de presse indépendant, ce n'est pas facile. Il faut des sous. Beaucoup. Alors on met de la publicité. On multiplie les pages. On essaie de tenir le coup. On ne publie plus chaque semaine, mais tous les quinze jours. Impossible de caser les horaires de cinéma, juste les critiques. On fait une pause pendant l'été. On va sur Internet. Mais le ressort est cassé et, le 18 Octobre, le Petit Bulletin a publié son dernier numéro
Tristesse bien sûr et un peu d'inquiétude : comment faire, sans le Petit Bulletin pour savoir ce qui se passe dans le champ culturel local ? Faudra-t-il empiler chez soi tous les catalogues, tous les programmes, tous les flyers ? Faudra-t-il passer d'un site à l'autre pour retrouver l'ensemble des programmations de chaque organisme, de chaque musée, de chaque galerie, de chaque salle de concert ou de théâtre, de chaque compagnie de danse ou de cirque, de chaque bibliothèque, de chaque atelier .... impossible, la tâche est démesurée. Alors, forcément, on sortira moins, on restera dans ses pantoufles, devant sa télé ou son ordinateur. Curiosité moins titillée, on renoncera. La vie culturelle continuera un temps, mais faute de spectateurs, faute de participants ralentira, s'essoufflera, s'assoupira.
Depuis 30 ans le Petit Bulletin nous accompagnait, nous devançait dans nos choix culturels. Il était une évidence dans nos vies. Ce n'est que demain, lorsqu' il nous manquera, que l'on prendra conscience - trop tard - de l'importance du Petit Bulletin dans la vie culturelle grenobloise.