11 novembre 2024

Ron Rash, Une tombe pour deux

Malgré le titre, et malgré les apparences, le dernier roman de Ron Rash n'est pas un polar à proprement parler. Mais un roman noir, oui. Rural noir plus précisément puisqu'une fois de plus Ron Rash situe son roman dans une petite ville de Caroline du Nord, Blowing Rock. 


Une petite ville où tout le monde se connaît, forcément, et surtout, une petite ville où chacun est supposé tenir sa place. Alors quand Jacob, fils de riches propriétaires choisit pour ami, un garçon déformé par la polio et, pire encore, épouse sans l'autorisation de ses parents Naomie, une jeune fille dont les parents sont des paysans sans le sou, le lecteur sait que tout ne va pas bien se passer, d'autant que Jacob a été mobilisé pour aller se battre en Corée.

Ce que j'aime dans les romans de Ron Rash, c'est que les choses ne sont jamais simples et que les personnages sont aussi complexes que dans la vraie vie. Pour construire son intrigue il prend appui sur des lieux que l'on n'a pas de peine à visualiser, sur des modes de vie, des mentalités qui sont celles d'une période précise, ici le début des années 50. Jacob, Naomie, Blackburn sont des êtres de fiction,  comme tous les autres personnages, mais ils sonnent vrais, ils sonnent juste.

Une tombe pour deux est l'histoire d'une mésalliance et des extrémités auxquels les parents se livrent pour y mettre terme, mais c'est aussi l'histoire d'une belle amitié, comme souvent dans les romans de Ron Rash. Un roman sombre, il est vrai, mais pas un polar à proprement parler.

10 novembre 2024

03 novembre 2024

Anora

 Grosse déception pour le dernier film de Sean Baker dont j'avais pourtant bien aimé les deux précédents :  The Florida project et Red Rocket. Mais Anora, non, ça ne passe pas ! Un film lourdingue, qui cumule les clichés, les gags convenus; un film complaisant. En quelques minutes le spectateur a compris comment Ani gagne sa vie. Pas besoin de multiplier pendant 20mn les gros plans racoleurs; même traitement pour présenter le gamin pourri de fric et démarrer un romance dont on comprend dès le début qu'elle n'a aucune chance de finir bien. Le film vire ensuite au mauvais polar et à la farce grotesque. Second degré ? Même pas ! J'essaye de chercher ce qui a bien pu justifier la Palme d'or, je ne trouve pas.  



29 octobre 2024

Paola Pigani, N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures

 Un deuxième roman de Paola Pigani, lu dans la foulée du premier, et dont le titre m'enchante autant que le précédent. N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures, est un proverbe manouche, cité au début du livre. Car c'est à cette population que s'intéresse ici l'écrivaine. Et plus précisément au sort qui a été réservé en 1940 à ceux que l'on n'appelait pas encore les gens du voyage.  La libre circulation des individus étant désormais interdite par décret,  les Manouches de Vendée sont internés dans un camp fait de méchants baraquements entourés de barbelés et gardés par des policiers français. Ils y resteront jusqu'en 1946 !

C'est cet épisode bien peu glorieux pour le gouvernement français qu'évoque Paola Pigani, en s'appuyant sur un témoignage direct (celui d'une femme qui a grandi dans ce camp) et sur un savoir faire romanesque qu'elle maîtrise parfaitement.  C'est avec les yeux d'Alba, gamine de 14 ans au début du roman, que l'on découvre les conditions dans lesquelles elle a vécu et avec elle, sa famille et toute la communauté manouche. On s'attache forcément à ces personnages, qui vivent non seulement dans le plus complet dénuement, mais dans des conditions qui vont à l'encontre de leurs habitudes, de leur culture profonde. Le roman prend parfois des allures de réquisitoire, mais sans excès de manichéisme grâce à deux personnages, un gardien "aux yeux doux", et une infirmière qui fait tout son possible pour palier leur détresse parce qu'à la sédentarisation forcée s'ajoutent insalubrité et sous-alimentation. 

Le roman de Paola Pigani joue à la fois sur la sensibilité du lecteur et sur son envie d'en apprendre un peu plus sur la façon dont la France a traité les Manouches. Une façon peut-être de lever quelques préjugés ?

 


 

https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/linternement-des-tsiganes-en-france-1940-1946


26 octobre 2024

Paola Pigani, Et ils dansaient le dimanche

La littérature de la classe ouvrière... elle a sans doute eu ses heures de gloire, mais ne semble plus faire l'objet de bien des romans. Ou alors dans une évocation historique mêlée de nostalgie. Comme le fait Paola Pigani, qui dans ses livres s'intéresser aux "gens de peu" ballotés par la vie, immigrés, ouvriers ... plutôt qu'à ceux qui les exploitent. 

Dans Et ils dansaient le dimanche, elle met en scène deux jeunes hongroises venues en France pour travailler dans les usines de viscose, nouveau textile qui a connu son heure de gloire dans les années 30. Les usines de la région lyonnaise, comme celle de Renage et d'Echirolles, sont avides d'une main d'oeuvre venue d'ailleurs, "docile et bon marché".  Le regard de Szonja nous fait ainsi découvrir le fonctionnement de l'usine et l'absence totale de précautions prises pour manipuler des produits chimiques dont on se souciait peu de connaître le degré de toxicité. Le travail à l'usine donc, avec ses cadences, ses contraintes, la fatigue, mais plus généralement, le roman s'intéresse aux conditions de vie et d'hébergement, sous contrôle patronal et religieux (!) car il importe, n'est-ce pas, de veiller aux "bonne moeur"s des ouvriers pour assurer la continuité et donc la rentabilité du travail. 

Cependant, dans son roman au titre parfaitement évocateur, Paola Pigani ne se contente pas de dénoncer les conditions de travail dans les usines textiles, elle s'attache aussi à faire comprendre ce qu'était l'esprit de classe et la fierté des ouvriers  - on est dans les années 30, en plein Front populaire, et même si les immigrés hongrois, polonais ou italiens ne sont pas aux premiers rangs des manifestations, il ne sont pas indifférents aux possibilités qui s'ouvrent alors. Il y a dans le roman de Paola Pigani, une énergie, une joie de vivre, dû sans doute aux fait que ses personnages principaux sont de très jeunes filles, qui rêvent d'amour et de liberté et attendent toute la semaine d'aller danser le dimanche.

A défaut d'être totalement joyeux, Et ils dansaient le dimanche est un roman tonique qui ne cache rien des difficultés de la classe ouvrière, mais en montre tout autant la fierté, celle de faire partie d'une collectivité, d'avoir sa place dans la société et de partager l'espoir d'un avenir meilleur. Les lecteurs d'aujourd'hui savent à quel point ses espoirs ont été déçus, mais les personnages du roman, eux,  ne le savaient pas.

16 octobre 2024

Célestin de Meeûs, Mythologie du . 12

 

 Le roman de ce jeune écrivain belge vient à point pour nous rappeler ce qui différencie la littérature des autres formes d'écrits. Car le sujet de Mythologie du.12, ce n'est au fond qu'un très banal fait divers que l'écrivain magnifie par l'écriture romanesque. L'histoire de cet homme excédé qui tire sur deux adolescents bruyants, c'est un peu comme l'affaire Berthet dont Stendhal a fait Le Rouge et le Noir ou le suicide de Delphine Delamare dont se serait inspiré Flaubert pour Mme Bovary. Je m'arrête là pour ne pas faire crouler Célestin de Meeûs sous les références, lui qui a su en 144 pages seulement créer une atmosphère de plus en plus fébrile au fil de la narration et des personnages parfaitement crédibles bien que fictifs, le tout dans une écriture quasi ....  proustienne. Proustienne ? Non, pas vraiment parce que réduire Proust à ses longues phrases est de toute façon abusif; il y a dans la recherche de très courtes phrases également, en fait il y a des phrases de toutes les longueurs,  mais je ne sais pourquoi, on ne veut jamais en retenir que les plus longues. Les phrases de Célestin de Meeüs, elles, sont effectivement longues, voire très longues. La première phrase (deux pages quand même ! ) ne concerne que Théo, la seconde (deux pages encore) met en place le deuxième personnage, le Dr Rombouts. Les phrases alternent ensuite passant d'un personnage à l'autre jusqu'à s'imbriquer, se fondre l'une dans l'autre au fur et à mesure que progresse le récit. Vertige de funambule qui se maintient sans faiblir sur sa ligne et souligne ainsi le caractère irréversible de la tragédie. 

Bien sûr, la lecture de Mythologie du.12 requiert du lecteur une attention sans faille, mais n'est-ce pas le propre de la littérature que de solliciter le lecteur pour lui permettre de suivre le flot ininterrompu des pensées des personnages, comme s'il était dans leur tête, et ainsi de s'éloigner des jugements hâtifs sur "ces jeunes qui n'ont rien dans la caboche, glandent toute la journée, des pas grand-chose qui pourrissent la vie des autres", comme des préjugés sur "ces soi-disant beaufs toujours prêts à sortir leur fusil dès qu'on empiète sur leur territoire". 

Célestin de Meeûs, s'essaye pour la première fois au roman, mais son habileté dans le maniement du langage est incontestable. Lui reprochera-t-on d'être trop brillant, de chercher avant tout l'effet de style. Peut-être, mais rien, dans le récit de ce "fait divers" n'est fait pour l'esbroufe car au final c'est bien des travers de notre société dont il parle, de cette fermeture des individus sur eux-mêmes, de l'ennui et du vide existentiel qui nous menace tous.

14 octobre 2024

Les Graines du figuier sauvage

 J'ai un peu tardé à aller voir le film. On en disait grand bien. Et comment dire du mal d'un film qui dénonce les absurdités et la violence d'un régime théocratique ? J'en conviens, il n'est pas évident de faire un film dont le propos est de faire incarner par des personnages les différents points de vue qui permettraient de mieux comprendre ce qui se passe actuellement en Iran et comment une jeunesse avide de liberté se heurte à la violence d'un Etat qui entend ne rien changer et s'appuie pour cela sur des fonctionnaires soucieux de leur carrière et de leurs intérêts financiers. Le père donc, face à ses filles et la mère qui s'efforce de tout concilier. Le résultat ? Beaucoup de scènes où les uns et les autres essayent d'argumenter entrecoupées par des images, récupérées sur smartphone pour montrer l'actualité et la réalité des émeutes. Les positions des uns et des autres sont bien sûr irréconciliables et mènent à l'effondrement non pas du régime ou alors de façon totalement symbolique, mais de la famille. 

En dépit de sa réputation, Les graines du figuier sauvage reste un film très - trop - démonstratif et donne l'impression que le réalisateur, arrivé au terme de sa réflexion  n'a pas su comment conclure sauf à avoir recours au bon vieux procédé du "deus ex-machina", plus risible qu'autre chose. Il est vrai qu'il ne pouvait pas s'en tirer avec une fin heureuse, mais la dernière partie du film est juste ridicule. 



13 octobre 2024

Bona

 Je ne pense pas avoir jamais vu un film philippin et celui-ci je ne l'ai vu que par ... erreur en me trompant sur le titre. Mais ne regrette certainement pas mon erreur car le film est étonnant. 

C'est une version soigneusement restaurée d'un film de Lino Brocka, un film l'on croyait perdu, "chef d'oeuvre du cinéma philippin invisible depuis 40 ans."  Alors bien sûr, il importe de le remettre avant tout dans son contexte, celui des années 80. Le film raconte l'histoire d'une jeune fille de la classe moyenne qui tombe folle amoureuse d'un très mauvais acteur de second rôle.  Elle renonce à ses études, quitte sa famille pour se mettre au service des moindres souhaits de son idole, dont elle accepte tous les caprices,  toutes les turpitudes, toutes les maîtresses, ... .  Difficile de faire pire choix que celui de ce goujat, stupide et prétentieux, caricature de macho. L'efficacité du propos tient aussi bien à l'économie de moyens  - on n'est pas à Hollywood - qu'à la simplicité de la mise en scène et au  jeu remarquable de l'actrice, Nora Aunor.

La question que pose le film est bien sûr celle de l'esclavage volontaire. L'aveuglement de la jeune fille, sa dévotion m'a laissée totalement sidérée d'autant qu'il ne s'agit pas de manipulation comme dans une secte, ni de propagande idéologique, mais bien d'une soumission sentimentale totalement consentie et totalement irrationnelle. Un abandon de soi, de ses propres besoins au profit d'un moins que rien. Et je ne peux m'empêcher de penser à l'aveuglement de ceux qui, aux Etats-Unis font de D.T leur messie, adhèrent à tous ses propos et admettent tous ses comportements. Même les plus ignominieux.



12 octobre 2024

Camus, Monsieur Germain

C'est un tout petit livre qui ne contient que quelques lettres, relativement banales et le brouillon d'un chapitre du Premier homme, projet autobiographique que la mort n'a pas permis à Camus d'achever. Ce qui relie ce brouillon aux lettres c'est tout simplement Monsieur Germain, l'instituteur de Camus qui lui a permis de poursuivre des études au-delà de l'école primaire et à qui l'écrivain voue, plus que de la reconnaissance, une véritable affection. Cette relation épistolaire entre un élève et son professeur, bien que très datée, jusqu'à paraître franchement désuète, est, pour tous ceux qui croient à la chance que peut donner l'éducation à un individu lambda, totalement émouvante. Un hommage à tous les instituteurs, gardiens de la république et de la démocratie.





11 octobre 2024

Hwang Bo-reum, Bienvenue à la librairie Hyunam

 Quel livre étrange. Un livre qui me laisse totalement perplexe, partagée entre la satisfaction et l'agacement. 

Satisfaction parce qu'il s'agit d'un lieu comme en rêvent tous les lecteurs, une librairie accueillante où l'on peut s'installer pour lire, discuter avec d'autres lecteurs, participer à un événement : rencontre avec un auteur ou atelier d'écriture. Un lieu de vie et de partage autour des livres. On y parle de ses lectures, des écrivains qu'on aime .... On peut même y boire un café... 

Oui mais ce "barista" qui prépare des cafés en sélectionnant soigneusement les crus ... difficile de faire plus branché, plus snob. Et puis il y a le côté "feel good" du livre car tous les personnages qui fréquentent la librairie sont mal dans leur peau, dans leur boulot, dans leur couple, dans leur école et tous les problèmes de la société vont y passer, avec de longs passages introspectifs qui ne sont pas inintéressants, mais trop systématiques pour n'être pas lassants. J'ai essayé de me dire que cela ouvrait des perspectives sur la société coréenne et son addiction au travail par exemple, mais trop c'est trop. Gênée de surcroît par la platitude de la langue j'ai commencé par accuser la traduction et l'éventuelle rigidité de la syntaxe coréenne pour expliquer une écriture sans liant, sans souplesse, avant de me demander si l'Intelligence artificielle ne s'était pas mêlée de l'écriture de ce roman. 

De l'autrice, Hwang Bo-reum, l'éditeur nous dit qu'elle "a étudié l'informatique et a travaillé comme ingénieure de logiciel avant de devenir écrivaine ", mais aussi que "le roman est un best-seller en Corée et en cours de  traduction dans une dizaine de langues." Et me voilà définitivement perplexe. 




Andreï Kourkov, Le Coeur de Kiev

Le dernier roman d'Andreï Kourkov, Le coeur de Kiev ? Une lecture douce-amère. 

« Kourkov y déploie, comme d ’habitude, son sens de l ’intrigue, campe des personnages attachants et surtout manie l ’ironie comme si elle était la politesse du désespoir. » Le Soir

Kourkov invente des personnages, noue des intrigues, ajoute des péripéties, raconte une histoire, des histoires, toujours avec le même mordant, toujours avec le même sourire et on y croit. On croit à sa description de la ville dont les noms de rue sont soigneusement relevés, on croit à ses habitants devenus experts en débrouille, on croit à tout ce que l'écrivain invente parce que tout ressemble terriblement à la vérité, celle d'un régime aussi autoritaire qu'inconséquent, aussi odieux qu'absurde. Celui de la jeune république soviétique qui se croit tout permis et impose ses lois en dépit du bon sens. Le jeune Samson, dont il fait son personnage principal, victime indirecte de la lutte fraticide entre les deux partis, entre dans la milice un peu par hasard et sans trop savoir à quoi il doit s'attendre. Mais il sait écrire, apprend vite, suit les instructions qu'on lui donne.... Candide au pays des Soviets. Depuis Voltaire on sait que l'ironie est la meilleure arme contre l'absurdité politique et que la fausse naïveté permet aux mots d'en dire plus qu'ils n'en ont l'air.

10 octobre 2024

Hortensias


 

Journées du patrimoine


 
Coup d'oeil au château de Montbives
 
 

et à son parc, resplendissant dans la lumière de fin d'après-midi.





09 octobre 2024

Automne

 


Robyn Mundy, La Femme au renard bleu

 Roman ou biographie ? Ouvre littéraire ou documentaire. La différence n'est pas forcément évidente, mais celle que Robyn Mundy surnomme La Femme au renard bleu a bien existé : Wanny Woldstad est son nom et elle a été la première femme trappeuse à passer plusieurs hivers dans un coin reculé du Spitzber à chasser le renard, l'ours et autres animaux de ces contrées nordiques. Le livre de Robyn Mundy en retrace assez fidèlement l'existence. Une biographie bien documentée, donc. Mais l'écrivaine structure son livre en glissant entre deux chapitres consacrés à Wanny et à son compagnon de trappe, un chapitre où elle met en scène les objets de la trappe, une jeune renarde essentiellement. Le procédé qui consiste à alterner  systématiquement les points de vue permet d'ajouter un roman animalier au roman biographique, laissant ainsi une part à la fiction comme à la réflexion. La  Femme au renard bleu ne m'a pas tout à fait convaincue, mais séduira certainement les animalistes, les écologistes et les amoureux des grands espaces. 

C'est en tout cas le public que vise La Grande ourse, une des collections des éditions Paulsen :  "A travers des romans français ou étrangers, souvent inspirés par des expériences ou des faits réels, la collection « La Grande Ourse » offre aux lecteurs une immersion dans l’ailleurs, vers ces horizons lointains et fascinants, vers les territoires les plus inaccessibles du monde sauvage. Ces grands espaces où l’empreinte humaine se fait rare recèlent d’histoires que nous avons envie de partager avec vous pour vous entraîner là où seule l’imagination peut s’aventurer."

 Ah, j'allais oublier : La Femme au renard bleu peut bien sûr être lu comme un roman féministe puisqu'il met en scène une femme libre de ses choix, passionnée, qui affronte avec courage et témérité les conditions extrêmes de sa survie. Une femme exceptionnelle donc et je me demande si le féminisme a vraiment besoin de femmes exceptionnelles, de femmes qui, pour se convaincre de leur valeur, cherchent à défier les hommes sur leurs territoires. Vaste débat. Je note quand même au passage que c'est elle qui cuisine et nettoie la cabane ....


 

08 octobre 2024

Lorette Nobécourt, Patagonie intérieure

 

"Il n'y a plus que la Patagonie, la Patagonie qui convienne à mon immense tristesse, la Patagonie, et un voyage dans les mers du Sud"   

Pour qui a lu Cendrars, Chatwin, Sepulveda, Varela et quelques autres...  le titre sur la couverture attire comme un aimant. Patagonie intérieure ! L'imagination se met immédiatement en branle et ce qu'il y a de bien avec les récits de voyage, c'est qu'ils n'épuisent jamais les descriptions et mettent en branle l'imagination dès les premières pages. Au voyage de Lorette Nobécourt se superposent tous les récits déjà lus, tous les voyages déjà rêvés, ou encore à venir. Alors, oui c'est vrai, on a tendance à gommer tout ce qui relève trop de la vie intime, de la vie intérieure de celle qui grâce à une bourse a pu prendre le temps de traîner ses bottes entre Valparaiso et la Tierra de fuego. On l'envie, on la jalouse un peu. Et on se souvient que oui, Ushuaïa, Puerto Williams, et même le Cap Horn ont été un jour des jalons sur un itinéraire. 

07 octobre 2024

Ni chaînes ni maîtres

 L'île Maurice au siècle des lumières... mais tous n'ont pas encore compris que  "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent
agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité" .
Ni chaînes ni maîtres est un film de plus sur l'esclavage. Mais pour une fois il ne parle pas des Etats-Unis. Il parle d'un territoire bien français ou du moins qui l'a été entre 1710 et 1815. Impossible de rejeter la culpabilité sur d'autres, puisque c'est la nôtre. 

Le film, très démonstratif, est construit autour d'une chasse à l'homme - deux esclaves, un père et sa fille, ont fui la plantation - l'originalité étant d 'en confier la conduite à une femme, aussi cruelle qu'impassible. La nature luxuriante permet d'ajouter des jeux de lumières et d'ombres, surtout des ombres aux silhouettes à peine entrevues et toujours en mouvement. La deuxième partie du film qui voit les deux fugitifs trouver un refuge temporaire auprès d'une communauté de "nègres marrons", qui survit dans la forêt est peut-être trop vaguement esquissées pour convaincre tout à fait, mais Simon Motaïrou, dont c'est première réalisation, parvient à alterner scènes d'action et moments d'émotions tout en suscitant des pistes de réflexion que chacun est libre de suivre ou pas.


06 octobre 2024

Tatami

 Un poil trop démonstratif, et des combats parfois un peu long pour qui n'a aucune expertise en judo, bien que leur difficulté croissante soit habilement soulignée pour mieux faire comprendre les pressions que subit la jeune athlète, et la tension qui ne cesse de peser sur ses épaules et celles de son entraîneuse.
En tout cas le film est très efficace pour dénoncer l'absurdité d'un gouvernement, incapable de faire taire ses antipathies politiques le temps d'un championnat et qui prétend tout régenter y compris la carrière de ses sportifs.

Le film de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv ne s'inspire pas d'une histoire réelle particulière, mais s'appuie sur les histoires de plusieurs athlètes iraniennes qui ont eu le même genre de défi à relever et dont le combat les a, le plus souvent menées à l'exil. Le parti pris de tourner en noir et blanc, mais aussi d'enfermer les personnages dans des couloirs sans fin et des lieux clos ne fait que renforcer le sentiment d'oppression, mais aussi l'acharnement et la volonté de résister malgré tout de la judoka, qui, dans le contexte actuel se bat  pour elle-même autant que pour les femmes en général. Tatami est bien sûr un film "engagé", mais c'est avant tout un bon film

05 octobre 2024

Andres Serrano


Les photos d'Andres Serrano sont exposées au musée Maillol. Des portraits essentiellement. Et un accrochage qui parle de lui-même.

 Dans la première salle, de magnifiques photos d'hommes et de femmes dans leurs plus beaux atours : ceux que l'on n'ose plus appeler "Indiens" parce qu'ils préfèrent rappeler qu'ils étaient là les premiers et que donc Native americans, ou First nations semblent des dénominations  plus appropriées. Soit !

Dans la deuxième salle, une femme noire, un juif en chapeau, une jeune femme blonde un peu pataude, une "mini miss" couverte de strass, quelques autres ... images convenues du "melting pot". Rien de bien dérangeant...


 ... mais au fur et à mesure que l'on avance dans l'exposition, les images sont de plus en plus explicites et les rappels historiques (Ku Klux Klan, lynchage, instruments de torture, armes.... ) de plus en plus perturbants. Malaise. Racisme, religion, pauvreté, violence, puritanisme, tous les maux de l'Amérique sont ici exposés. Rien a voir avec le "rêve américain" suppposé donner à chacun sa chance. Non, c'est ici l'Amérique qui braque sur vous en très gros plan, le cercle de métal du canon d'un révolver. 

Menace virtuelle ? Non, très réelle et aussi déplaisante que le regard torve de celui qui, grâce à la téléréalité et à la flagornerie de certains médias, fascine une bonne moitié des Américains depuis des années. 

Oui l'exposition proposée par le musée Maillol  est dérangeante. Sans doute parce qu'au delà des considérations techniques ou esthétiques, il s'agit avant tout de regarder la réalité en face. Reste à se demander ce que retiendrait Andres Serrano si on lui demandait de poser son regard sur la France comme il l'a fait pour son propre pays....

http://andresserrano.org/




04 octobre 2024

Paris le nez en l'air

A quoi tient le charme d'une ville si ce n'est à sa diversité architecturale, reflet de son passé.
 
 
 
 Côté rue ou côté cour. Ciel gris ou ciel bleu. Bader le nez en l'air et se laisser surprendre.



 

03 octobre 2024

Mye, Belette



Le nom de l'auteur est de toute évidence un pseudo, que je ne sais comment prononcer. Le nom du personnage, une gamine de 13 ans pleine de rage, est un surnom  : Belette. Et son vélo s'appelle Babine. 

Voilà comment on entre dans un roman étrange et fascinant. Un long monologue à la première personne, dans une langue qui est la nôtre, mais que Belette ne cesse de manipuler, de triturer, de réinventer. Le monologue est dans sa tête, toujours à fleur d'émotions. Des dialogues, il n'y en pas beaucoup, quelques mots échangés avec un vieux monsieur qui danse avec les mouettes sur la plage, avec Bouton d'Or son copain qui parle peu mais comprend tout et répare tout, une inconnue avec une robe à fleurs jaunes, qui habite un peu plus loin Evoqué comme cela, le roman pourrait passer pour une bleuette, et il y a effectivement une certaine légèreté et même de la tendresse, mais il y a aussi un côté sombre dans le roman de Mye, un côté inquiétant, parce que Belette pour fuir un trop plein de désespoir, s'est réfugiée dans un vieux bunker, sombre et humide, face à la mer, comme un escargot au fond de sa coquille. 

Belette est un roman qui ne ressemble à aucun autre, un roman qui surprend et ne s'oublie pas. 

A son image

 A son image est un film un peu compliqué et très corse. Mais c'est un film intéressant, ne serait-ce que parce qu'il sort des chemins battus et déconcerte. En faisant le portrait d'Antonia, jeune apprentie photographe, Thierry de Peretti parvient à faire à la fois le portrait d'une génération (Antonia, sa famille, ses amis) et la chronique d'une époque particulièrement trouble et virulente, celle des années 80, lorsque les Indépendantistes faisaient plus souvent qu'à leur tour, la une des journaux. Apparaissent ainsi en filigrane quelques questions essentielles : comment donner du sens à sa vie, jusqu'où s'engager dans un combat politique, dans quel cas la violence est-elle légitime, peut-on aimer la personne dont on ne partage pas les choix... 

Le film s'inspire du roman éponyme de Jérôme Ferrari, que j'aurais peut-être dû lire avant de voir le film parce que, peu au fait de l'histoire corse, j'ai parfois eu du mal à comprendre les enjeux politiques; du coup je me suis plus intéressée à ce qui est dit de la photographie dont le champ des possibles est ... particulièrement large : devenue photographe par hasard puis par goût, Antonia passe du statut de photographe amateur à celui de photographe de presse au service d'un patron, devient reporter de guerre indépendante avant, dernier avatar de la profession,  de se spécialiser dans les photos de mariage...

 Portrait de groupe sans Antonia ? Mais celle qui fait la photo ne met-elle pas quelque chose d'elle-même dans la photo ?


02 octobre 2024

Zineb Mekouar, Souviens-toi des abeilles

 

Fascinant .... envoûtant .... je cherche quel est le bon adjectif pour définir le très joli livre de Zineb Mekouar : Souviens-toi des abeilles. 

D'abeilles et de miel il est effectivement question puisque l'histoire d'Anir et de sa famille dépend de ce rucher sacré qui regroupe les ruches de chaque famille du village, un village perdu dans une vallée du Haut Atlas marocain, loin de tout. Anir n'a que10 ans, mais il suit avec passion les explications de son grand-père qui l'initie peu à peu au travail qu'exige la vie des abeilles, étroitement mêlée à celle de la famille d'Anir. Son père est parti à la ville pour gagner de quoi soigner sa femme, qui ne quitte plus sa chambre et fredonne en permanence la même mélopée lancinante. Quelque chose s'est brisé en elle .... 

Souvent lyrique, parfois elliptique l'écriture de Zineb Mekouar laisse au lecteur une large part à l'imagination :  à mi-chemin du conte et du roman, elle suggère plus qu'elle n'explique. C'est un livre d'aujourd'hui, qui n'a rien oublié des rites et des traditions, qui insiste sur le rôle de la collectivité, de la transmission des valeurs, et des risques que les changements climatiques font courir aux abeilles, mais aussi aux humains. Un livre qui interroge. Sans insister. Et c'est comme cela que son charme opère.

24 septembre 2024

Les Barbares

 L'enfer serait, dit-on pavé de bonnes intentions. L'enfer je ne sais pas, mais le cinéma et la littérature le sont trop souvent. Et voilà le lecteur et le spectateur doublement piégés, parce qu'ils sont obligés d'acquiescer à la "bonne" cause qui leur est présentée et qu'il leur est difficile, sauf à desservir la cause, de dire du mal du film. 

L'histoire de ce petit villlage de Bretagne à qui on "refile" des réfugiés syriens plutôt que des réfugiés "ukrainiens" permet à July Delpy de développer son propos à savoir qu'il n'y a pas de bons et de mauvais réfugiés mais juste des gens en peine qu'il s'agit d'aider à retrouver une vie "normale". Et parce qu'elle choisit d'en faire une comédie vaguement caustique plutôt qu'un mélodrame édifiant, elle aligne les clichés et les caricatures faciles, dans une mise en scène qui est pour le moins lourdingue et que le procédé du film dans le film alourdit encore.

Mais voilà, malgré tous ses défauts, le film n'est pas désagréable à voir, les acteurs plutôt bons dans leurs rôles. Et l'évocation de ce petit village au coeur de la forêt de Brocéliande m'a rappelé quelques bons souvenirs....


17 septembre 2024

Ewald Arenz, L'été où tout a commencé

 

 

Le Parfum des poires anciennes avait été une jolie découverte et j'attendais avec curiosité le deuxième roman d'Ewald Arenz, sachant que le deuxième roman est toujours un passage difficile dans une carrière d'écrivain. Mais L'Eté où tout a commencé est à la hauteur du premier livre, avec cette même délicatesse, cette même tendresse, parfois un peu rude, pour des personnages qui sonnent assez juste. 

L'été où tout a commencé est une histoire d'adolescents dont la tonalité m'a semblé rappeler le poème de Rimbaud : On n'est pas sérieux quand on a 17 ans ! Le plongeoir de la piscine a remplacé la promenade sous les tilleuls verts, mais l'esprit est le même. 

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête ...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête ...  

Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.

Après avoir raté son année scolaire, Friedrich, le personnage principal, a droit à une session de rattrapage ; au lieu de partir en vacances en famille, il passera l'été chez ses grands-parents pour réviser. Rien de bien exaltant et l'adolescent appréhende l'été à venir qui se révélera au contraire plein de découvertes. Le roman joue à la fois sur les relations de Friedrich avec ses grands-parents, et avec ses amis du même âge, parmi lesquels, la jolie Beate rencontrée à la piscine. Oui le roman d'Ewald Arenz appartient bien à la tradition allemande du "bildungsroman", centré sur la sortie de l'adolescence, de la première révélation amoureuse, mais aussi sur la confrontation avec les générations antérieures, un mélange de sévérité et de tendresse qui permet à l'individu de prendre ses marques pour avancer vers son avenir. Le romancier joue certes la carte des émotions, habile à saisir tous ces moments fugaces, ces basculements incessants, ces doutes et ces incertitudes, qui sont le propre de l'adolescence. Mais il sait aussi ne pas en abuser.  De la sensibilité, oui. Mais pas de la sensiblerie. 

L'Eté où tout a comencé se lit avec beaucoup de plaisir et ... un brin de nostalgie.


16 septembre 2024

David Joy, Les Deux visages du monde

David Joy, comme Ron Rash sont des écrivains de terroir. Ils ont grandi dans la même région de Caroline du Nord, au pied des Appalaches, un territoire qu'ils n'ont pas quitté, auquel ils sont attachés et dont ils parlent bien. Ce n'est certainement pas la région la plus riante ni la plus séduisante des Etats-Unis, parce que c'est une région qui n'a jamais été particulièrement prospère et qui, dans les dernières décennies, a souffert de la fermeture des mines. Les médias traitent les habitants de cette région de "hillbillies" autant dire de péquenots auxquels on accorde bien peu de considération. Sans prétendre faire oeuvre de réhabilitation, David Joy et Ron Rash s'efforcent dans leurs romans d'expliquer et de faire comprendre ce que c'est que de vivre si loin du grand rêve américain. Ils ne sont ni sociologues, ni anthropologues, juste des écrivains avec un bon sens du romanesque. 

Ainsi le dernier roman de David Joy s'empare d'un sujet qui fait trop souvent l'actualité des médias : le racisme dans une petite ville. Toya Gardner est une jeune fille venue passer l'été chez sa grand-mère avec l'intention de poursuivre un projet artistique conçu à partir de l'enracinement de sa famille dans la région. Ce qui lui fait découvrir le passé esclavagiste de la petite ville. Mais profaner une statue, même par un geste artistique, n'est pas un geste anodin et Toya déclenche la colère des habitants et des membres du Ku Klux Klan, toujours actif dans cette région de Caroline du Nord. Comme son titre l'indique, le roman de David Joy passe constamment d'un côté à l'autre, du côté des suprématistes blancs ulcérés que l'on touche à leurs valeurs fondées sur le respect de l'Histoire et des traditions, et du côté des activistes noirs ou blancs qui n'admettent plus que l'on exhibe encore et toujours les symboles de ce passé raciste sans tenir compte de l'évolution des lois. L'écrivain compose avec cette binarité en incluant des figures intermédiaires, en creusant l'histoire personnelle des personnages, souvent plus importante qu'une quelconque idéologie pour expliquer leurs comportements. Sans cesse sur le fil du rasoir, parce qu'il risque à tout moment de tomber dans le roman à thèse, David Joy joue de la nuance, évite le piège du manichéisme - qui peut prétendre en effet que le monde n'a que deux visages, l'un blanc et l'autre noir -   tout en maintenant la tension jusqu'au jusqu'au renversement final. 

Les Deux visages du monde est un livre à lire l'esprit ouvert et sans préjugé. Son sujet est terriblement d'actualité, et servi par une qualité narrative indéniable.

En complément éventuel : https://www.pbs.org/wgbh/americanexperience/features/klansville-faq/

15 septembre 2024

Septembre sans attendre

 Fêter son divorce plutôt que son mariage, c'est peut-être une bonne idée : se marier c'est faire un pari sur un futur très incertain; se séparer, c'est quitter un présent devenu insatisfaisant et retrouver sa liberté.

C'est en tout cas sur ce thème, celui du divorce festif, que Jonas Trueba a construit son film. Et c'est assez réussi parce que ni Ale ni Alex, malgré leur détermination commune et leurs certitudes affichées, ne sont au fond, très sûrs de ce qu'ils veulent. Le réalisateur enchaîne ainsi les petites scènes courtes, et les dialogues où tout est sous-entendu plutôt que dit, ou les non-dits et les silences ont autant d'importance sue les mots prononcés. Comme une photo floue que l'on cherche à mettre au point :  trouver la bonne focale, la bonne distance, tout est question d'ajustement. D'autant que familles et amis veulent tous
ajouter leur grain de sel. Dans ce film, que certains pourront trouver bavard et parfois répétitif, alors qu'il n'est que réaliste,  le destin des deux personnages se joue sur un regard, un geste et la réussite du film tient, en fait, à la direction d'acteur.

Septembre sans attendre n'est pas le premier film sur les aléas de la vie conjugale ou des relations sentimentales. On pense forcément à Truffaut, Rohmer, Bergman et quelques autres; mais le film de Jonas Trueba est bien un film contemporain, avec des préoccupations qui sont celles des jeunes adultes d'aujourd'hui. Eva en AoûtVenez voir, Septembre sans attendre : trois films qui dessinent avec finesse le portrait d'une génération. En tout cas d'une certaine jeunesse.

14 septembre 2024

Iain Levison, Les Stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques

Impossible de résister à un titre pareil. Et pour Justin Sykes, meilleur avocat de sa génération qui malgré ses diplômes ronflants a choisi d'être avocat commis d'office parce qu'il croit à la justice - la vraie, pas celle qui s'achète !  - impossible de résister à l'offre qui lui est faite de tenir une permanence d'une heure dans un cabaret pour conseiller les strip-teaseuses. Avec en complément l'obligation de passer la nuit dans le motel d'en face qui appartient ... au propriétaire du cabaret, avec consigne de garer sa voiture juste devant la porte de sa chambre.

Beaucoup plus vite que Justin Sykes, le lecteur se doute qu'il y a quelque chose de suspect dans cette proposition, mais qu'importe parce que le propos de Iain Levison n'est pas d'écrire un polar façon Agatha Christie, mais bien de se moquer du fonctionnement de la justice et plus généralement de la société américaine. Le livre, comme d'ailleurs tous les livres de Levison, est à la fois caustique et drôle, cinglant et tendre. 

Depuis Un petit boulot, Liana Levi a publié tous les livres de Iain Levison (une dizaine) et je les ai tous lus, toujours avec le le même plaisir. Comme un cocktail léger, mais qui laisse sur la langue un petit goût acide.


13 septembre 2024

Arles 2024 : Et pour terminer ...

... quelques photos plus perso...




Pour une fois sans commentaires ...

Les bonnes adresses d'Arles

A chacun ses bonnes adresses... Celles-ci ne sont  pas forcément les meilleures, mais ce sont mes préférées...


Le petit déjeuner au Tambourin, un incontournable :  un bar tenu par un ancien toréador, des vieux messieurs qui chaque jour à la même heure viennent échanger et commenter les nouvelles du jour et des conversations qui tournent, encore et toujours, autour ... de la corrida !

En terrasse ou à l'intérieur, selon la météo. 

La Cuisine de comptoir qui depuis que je vais à Arles n'a jamais changé sa formule : tartines au choix,  gaspacho ou salade pour compléter. Je ne m'en suis pas lassée... Pas plus que je ne me suis lassée de la pastilla de l'Entrevue, le restaurant de la librairie Actes Sud.

 

Petits plaisirs ajoutés en marge des expositions.  Et je n'oublie pas le marché du Samedi, aussi haut en couleurs qu'en saveurs.


Et voilà pourquoi revenir à Arles chaque année, est un vrai bonheur. En été pour les expos, en hiver et à n'importe quelle saison, pour le charme de la ville.


12 septembre 2024

Arles 2024 : styles vestimentaires




Pour une fois sans commentaire...




Nicolas Floc'h

 
 Au premier coup d'oeil, l'exposition est assez spectaculaire : tout ce bleu, ces dégradés de couleurs...

 
De près, c'est tout autre chose puisque Nicolas Le Floc'h a suivi le cours du Mississippi et parcouru son immense bassin d'affluents pour ne s'intéresser qu'à la couleur de l'eau qui varie bien entendu en fonction des terres que traverse le fleuve et de sa profondeur. Une sorte d'échantillonnage donc. Certaines couleurs paraissent improbables... mais non ! 

 

Les photos en noir et blanc qui accompagnent les colonnes d'eau documentent l'espace terrestre autour du fleuve : comme dans cette série qui reflète  la couleur sableuse pour ne pas dire boueuse de l'eau et les paysages plats du delta, quand le fleuve n'en finit pas de s'étaler avant de rejoindre les eaux du golfe du Mexique. 

Et si je suis attardée plus longuement sur la photo de cette maison montée sur pilotis, c'est parce que j'y retrouve des images connues. Après le passage de l'ouragan Katrina, beaucoup de maisons, qui étaient déjà construites sur pilotis ont été balayées par le vent et la mer. Certaines ont été reconstruites, mais surélevées de façon invraisemblable; la hauteur des colonnes rend manifeste la fragilité des constructions humaines lorsque la nature se déchaîne. Aussi banale que soit la photo, je la trouve poignante.





 

11 septembre 2024

Arles 2024 : Collection Astrid Ullens

 La collection Astrid Ullens de Shooten Whettnall, présentée à l'Atelier de mécanique générale est tout à fait étonnante. Elle l'est par le nombre de photographies et par le nombre de photographes exposés, des plus connus à ceux qui ne le sont pas du tout, ou du moins pas encore. L'idée majeure est qu'une seule photo, aussi forte, aussi remarquable soit-elle ne suffit pas à traduire une vision du monde. Pour rendre compte d'un regard, et faire sens, il faut plusieurs photos.  Un seul mot peut traduire une réaction immédiate,  une émotion, mais une phrase dûment formulée sera forcément  plus précise, plus pertinente. D'où la série, principe même de cette collection.

Les séries présentées sont de natures extrêmement variées, sobres jusqu'à l'austérité comme celles de Bern et Hilla Becher, parfois plus ludiques comme l'intriguante série intitulée Tapis volants, dont je n'ai bêtement gardé que 2 photos sur les 7 de la série. Et oublié de noter le nom du photographe. Sorry !

 Une autre série sur laquelle je me suis attardée longuement est celle de Hans Peter Feldman intitulée 100 Jahre et qui date de 2001 : 100 photos alignées sur 4 rangées; la première représente un nourrisson de quelques semaines, la dernière une vieille dame de 100 ans. Visages d'enfants, d'adolescents, d'adultes, de vieillards.  Visages d'hommes et de femmes, tous anonymes mais chaque spectateur y cherche le reflet de son âge, de sa jeunesse perdue ou de son devenir... C'est assez fascinant. Vertigineux même.